Dominique Cuvillier
Le volontarisme des opticiens ambulants
- lundi, 06 février 2023
La santé libérale et publique est au bord de la crise de nerf, avec des professionnels enferrés dans des corporatismes irritants et embourbés à cause d’un État régalien improductif.
Les professionnels de santé face à l'économie administrée
- jeudi, 24 novembre 2022
Selon les comptes de la santé publié par la DREES, le montant des soins hospitaliers et ambulatoires en France s’élevait à 84,7 milliards d’euros en 2012 et à 109,4 milliards d’euros en 2021. Les dépenses en optique étaient de 7,1 milliards en 2021 contre 5,9 milliards d’euros en 2012 ; quant aux prothèses auditives, elles ont explosé, passant de 830 millions d’euros en 2012 à plus de 2 milliards d’euros l’année dernière ! Les analystes de la DREES expliquent que la montée en flèche des dépenses d’audioprothèses (+ 60%) est liée à la réforme du 100 % Santé. L’État ne parvient pas à contenir des dépenses de première nécessité (la santé n’est pas une option) malgré ou à cause de politique à courte vue et mal calibrée, mais le pourrait-il ?
Les maladies prospèrent sur une population vieillissante, et les plus jeunes ne sont pas épargnés par les maux contemporains : stress climatique, obésité exponentielle, myopie galopante et désormais surdité sous-jacente. D’après la revue scientifique BMJ Global Health qui couvre tous les aspects de la santé mondiale, un quart des 18-34 ans sont confrontés à des volumes sonores - dans des casques, écouteurs, discothèques et autres salles de concerts - beaucoup trop élevés, au point que près d’un milliard d’entre eux vont subir des pertes auditives sérieuses, voire sévères. Les molles campagnes de prévention ne poussent guère à des changements de comportements, c’est donc au secteur médical et paramédical de prendre en charge ces patients et donc de proposer des soins qui ont un coût et donc un prix. Face à cette situation alarmante, les politiques confrontés aux électeurs préfèrent laisser filer les dépenses, creuser les déficits et… taxer !
Lors du Projet de loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2023 (PLFSS), le gouvernement Macron ne se prive pas de pressurer les professionnels de santé comme les laboratoires et entend encadrer les marges des spécialistes distribuant des dispositifs médicaux acquittés dans le cadre de la liste des produits et prestations remboursables par l'Assurance Maladie (LPP). Les opticiens et les audioprothésistes sont en première ligne de cette économie administrée par un État impécunieux qui balaye rarement devant sa porte. En cela, Emmanuel Macron, adepte de l’argent magique, préfère le tollé des professionnels (qui ne cassent pas les abribus) à la révolte populaire qui voit jaune, familière du saccage ; il choisit la démagogie à la pédagogie.
La santé est une industrie de services qui implique des professionnels en concurrence face à des patients-consommateurs sourcilleux, parfois surconsommateurs et peu soucieux de la collectivité. Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, François Braun, le nouveau ministre de la Santé a déclaré « vouloir reconstruire le système de santé » (sic !) et en appelle « à la responsabilité collective ». Un volontarisme d’État déclaratif et rarement effectif, sinon à saupoudrer l’argent magique et à alourdir les taxes dont les opticiens — qui ne manifestent jamais dans la rue — font les frais…
Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter
L’optique-lunetterie, un marché à 300 milliards en 2030 ?
- mardi, 18 octobre 2022
Le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) a livré en septembre dernier son décryptage de L’économie mondiale 2023 (Éditions La Découverte, collection Repères).
L’industrie de l’optique bientôt « en panne » ?
- mardi, 23 août 2022
Après la pénurie structurelle de main-d’œuvre évoquée lors de mon dernier post, l’industrie de l’optique va-t-elle connaître des pannes récurrentes liées à différents paramètres ? Entre la guerre en Ukraine en passe de durer encore de longs mois, le Covid qui continue de paralyser la Chine, les stress climatiques et énergétiques, l’explosion du coût des transports et des matières premières, avec pour corollaire une inflation tous azimuts, les entreprises de l’optique-lunetterie sont sous tension. Comme toutes les industries mondialisées qui vont devoir supporter une fragmentation géopolitique en marche où des blocs de pays créent des clivages qui imposent de revoir les stratégies industrielles.
Dans une tribune parue dans Le Journal du Dimanche du 14 août dernier, Jean-Daniel Lévy, directeur de Harris Interactive, s’alarmait : « Si ces pénuries devaient se poursuivre, ce serait un modèle de représentation du monde qui changerait. Avec des conséquences sur l’opinion et les pratiques qu’il est actuellement difficile d’anticiper. » Selon lui, les citoyens consommateurs gâtés/gavés ne sont pas prêts à sacrifier leur confort et il prédit une poursuite des contraintes actuelles ; il faut donc se préparer à une transformation du système de l’intérieur.
Produire une paire de lunettes est fort heureusement beaucoup moins complexe qu’une voiture électrique, il n’en reste pas moins qu’il faut repenser les chaînes de production et d’approvisionnement, en relocalisant tout ou partie, en augmentant le nombre de fournisseurs, en installant des unités de production dans des pays plus stables politiquement… La nature de la mondialisation va changer sans disparaître, ce qui impose aussi d’accélérer et d’intensifier le processus d’innovation à l’épreuve de la pénurie pour créer des produits adaptés à une économie tendue. Et dans le même temps, revoir l’orientation créative des marques qui devront accélérer la mise en place d’une politique de développement durable efficiente, d’écoconception, de recyclage, etc., en bref de trouver les moyens de réconcilier pénurie structurelle et impact sociétal positif ; un mal pour un bien.
Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter