Le marché de la seconde main, jusque-là cantonné au C2C, se professionnalise à la vitesse grand V et semble représenter une opportunité (obligation ?) pour le commerce, contraint et forcé par des consommateurs en quête de bonnes affaires et par des promoteurs de l’économie circulaire.

Le marché de la seconde main, jusque-là cantonné au C2C, se professionnalise à la vitesse grand V et semble représenter une opportunité (obligation ?) pour le commerce, contraint et forcé par des consommateurs en quête de bonnes affaires et par des promoteurs de l’économie circulaire. « Old in the new cool » : au niveau mondial, ce marché pèse désormais plus de 120 milliards d’euros (mode et accessoires) avec une croissance exponentielle année après année. Considéré comme un mode de consommation à part entière et plus seulement comme une tendance, de plus en plus d’acteurs tentent de se positionner sur ce segment. La concurrence entre les pure players de la seconde main et les commerçants traditionnels s'intensifie pour alpaguer des clients CSP – et CSP + pour qui l’achat de produits d’occasion est aujourd’hui un acte noble, économique et écologique.

Dans le secteur de la lunetterie, des opticiens et des sites spécialisés proposent déjà des montures reconditionnées, en majorité des solaires. L’enseigne à la fibre solidaire Écouter Voir, gérée par les organismes adhérents à la Mutualité Française, a décidé de sauter le pas. Elle s’est associée avec Zac, une start-up lilloise spécialisée dans le reconditionnement des lunettes de seconde main, pour fournir des montures griffées remises en état et vendues au prix unique de 69 euros. Écouter Voir teste son engagement dans une dizaine de points de vente, avant de le déployer dans tout son réseau qui compte 1 200 magasins.

Car vendre de l’occasion est une activité exigeante : il faut récolter, inspecter, trier, réparer et rediffuser. Et peu ou prou, seuls 40 % de lunettes récupérées sont reconditionnables. Bien qu’on ressasse depuis des années que « 100 millions de paires de lunettes dorment dans les tiroirs des Français », un chiffre invérifiable qui sort du chapeau de la rumeur publique, il faudra pourtant "produire" de grandes quantités de lunettes de seconde main pour alimenter des réseaux de milliers de magasins. Ensuite, beaucoup s’interrogent sur le business modèle économique et écologique de la seconde main. D’un côté, des écologistes s’agacent d’une dimension éthique et environnementale prétexte à masquer une surconsommation. De l’autre, des professionnels de l’optique rappellent que les lunettes correctrices sont des dispositifs médicaux (ce qui n’est pas le cas des solaires) avec des garanties légales de conformité ; alors que les législateurs européens planchent actuellement sur un projet de décret pour que les lunettes de seconde main soient remboursées par les mutuelles, qui sera responsable de la conformité d’un équipement dont la traçabilité n’est pas assurée ? Reste que la roue de l’économie circulaire ne s’arrêtera pas. Au secteur de l’optique de s’adapter à une transition en marche : de la seconde paire à la seconde main, d’une surconsommation l’autre, il faudra réinitialiser son logiciel marketing…

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