Jimmy Fairly ou l’optique décomplexée
Malgré les permacrises* dans un monde qui nous échappe de toutes parts, le secteur de l’optique continue de croître en moyenne de 4 % par an.
Malgré les permacrises* dans un monde qui nous échappe de toutes parts, le secteur de l’optique continue de croître en moyenne de 4 % par an. Des facteurs structurels nourrissent une croissance organique — vieillissement de la population, myopie galopante, usage immodéré des écrans, etc. —, facteurs couplés à une offre qualitative de montures créatives et de verres innovants, et à une accessibilité en termes de points de vente et de prix. Malgré la complainte immuable sur le coût jugé exorbitant d’une paire de lunettes, le marché se déploie sur une échelle de prix large entre low-cost et haut de gamme. Il suffit pour s’en convaincre de suivre la surenchère marketing des enseignes qui cherchent à conquérir des parts de marché avec des prix d’appel alléchants. Et dans le même temps de constater la progression effrénée des ventes de lunettes de luxe. Le secteur de l’optique lunetterie est un marché d’offre et de demande stimulé par des acteurs historiques diligents et des nouveaux entrants plus agiles - et opportunément hors système pour parvenir à se faire une place -, selon une stratégie souvent rupturiste, face à une distribution encore trop conservatrice.
Une posture que ne connaît pas la marque-enseigne Jimmy Fairly, start-up devenue grande qui, en douze ans, aligne déjà une centaine de points de vente en France et à l’étranger**, et compte tripler de taille à l’horizon 2026. La société s’est imposée avec des lunettes d’un bon rapport qualité/style/prix et grâce une désacralisation du point de vente optique. Storytelling bien huilé, accueil bienveillant et ambiance décontractée attirent des clients urbains bohèmes qui veulent acheter leurs lunettes comme ils achètent une paire de chaussures. Sans se prendre la tête.
À l’affût des sensibilités sociétales, Jimmy Fairly se peaufine aussi un profil écoresponsable avec 60 % de ses collections en bio-acétate et acétate recyclé. Une quasi-obligation pour sa clientèle toujours prête à sauver la planète, mais sans frustrer son goût du shopping. Et pour démontrer son engagement, la marque-enseigne sort du cliché de l’écologie moralisatrice et/ou accablante, en dévoilant une mise en abîme rétro futuriste : elle vient d’ouvrir un point de vente (photo) dans le Marais à Paris baptisé « Jimmy Fairly 3000 », librement inspiré du film de Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de l’espace (et une œillade à Optic 2000…). La boutique aux allures de vaisseau spatial couleur rose macaron (il fallait oser !), qui ne propose que des lunettes biosourcées ou recyclées, détone incontestablement dans l’univers opticien. Jimmy Fairly s’impose comme une marque écomoderniste et décomplexée qui s’inscrit dans un courant positif où l’innovation, la création et l’imagination séduisent entre autres, les jeunes générations shopping addict et brand friendly qui attendent de la disruption, de l’attention et de l’engagement. Et vraiment sans se prendre la tête.
Notes de la rédaction :
* Ce mot - permacrise - est un néologisme forgé pour décrire une situation de crise (économique, climatique, etc.) devenue permanente, systémique.
** Comme récemment en Belgique...
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