Road - le Regroupement des opticiens à domicile - se positionne à son tour sur la très débattue question de la téléconsultation en matière de santé visuelle. Ce mode d’accès aux soins n’est pas pertinent, fait valoir le collectif, arguments à l’appui.

C’est au nom du Regroupement des opticiens à domicile (Road), qu’il préside, que Matthieu Gerber (photo) a pris la parole il y a quelques jours sur le sujet de la téléconsultation en santé visuelle. Après d’autres récemment (les syndicats d’ophtalmologistes et d’orthoptistes ou encore les optométristes), le collectif se positionne sur un sujet qui fait sinon polémique, du moins débat. Autant le collectif des opticiens itinérants reconnaît que la téléconsultation peut revêtir un certain intérêt en matière d’accès aux soins généralistes, autant il conteste sa pertinence s’agissant spécifiquement de la santé visuelle. Matthieu Gerber avance trois raisons : « D’abord, la téléconsultation ne répond en rien au problème d’accès territorial fixant l’expertise en un seul endroit physique. Elle ne fait que reproduire les problèmes de déserts médicaux, creusant inévitablement une inégalité entre les zones rurales et urbaines et les personnes qui peuvent ou non se déplacer dans un magasin où se trouve la télécabine », explique en premier lieu le porte-voix de Road.

Il s’attarde aussi sur le profil de ceux auxquels est censé s’adresser ce modèle distanciel : la téléconsultation  « n’est pas adaptée aux personnes âgées, alors même que l’on sait que les troubles visuels et les pathologies oculaires nécessitant un suivi médical augmentent avec l’âge. Il est important de rappeler que 67 % des plus de 75 ans souffrent d’illectronisme (incapacité à utiliser des outils numériques_ndlr) selon l’Insee et que cette population privilégie avant tout la relation humaine, le contact physique et l’accompagnement, et d’autant plus lorsqu’il s’agit de leur santé », fait valoir le président du collectif dans un argumentaire qui fait d'ailleurs écho à celui que Maher Kassab, ici même dans son blog, a pu également mettre en avant.

Le troisième et dernier point sur lequel insiste M. Gerber concerne la situation des praticiens : « Par son côté synchrone, la téléconsultation souffre aussi du manque d’ophtalmologistes disponibles. Alors même que l’on compte 8,2 ophtalmologistes pour 100 000 habitants (soit 5 800 professionnels répartis sur l’Hexagone), il est illusoire de penser qu’un ophtalmologiste sera davantage disponible de manière synchrone pour se connecter aux bornes de téléconsultation lors de RDV, qui plus est non programmés, alors même que son planning de rendez-vous en cabinet est déjà complet. Pour rappel, 29 % des cabinets libéraux n’acceptent plus de nouveaux patients », déclare-t-il.

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