Dans un communiqué conjoint, le Syndicat National des Ophtalmologistes de France et le Syndicat National Autonome des Orthoptistes unissent leurs voix pour faire à nouveau entendre leur vigoureuse opposition « au développement de certaines mauvaises pratiques récentes préjudiciables à la qualité des soins et au suivi des patients en télémédecine », selon eux.

C’est un sujet qui revient de plus en plus souvent sur le tapis. Un sujet de crispation évidemment : la téléconsultation en magasins, qu’il s’agisse de boutiques d’optique ou de lieux plus généralement commerciaux, déplaît décidément aux instances syndicales des ophtalmologistes et orthoptistes. Signant ensemble cette semaine un même communiqué de presse, le Syndicat National des Ophtalmologistes de France (SNOF) et le Syndicat National Autonome des Orthoptistes (SNAO) tiennent ainsi, une nouvelle fois, « à rappeler fermement les bases et les principes de la téléconsultation en ophtalmologie, et s’opposent à certaines mauvaises pratiques ne garantissant pas la qualité, la pertinence et l’indépendance de cette pratique à distance », selon eux. Les deux organisations professionnelles reviennent d'abord sur le contexte : « Depuis plusieurs mois, le SNOF et le SNAO constatent que les offres de télémédecine débridées et non conformes se multiplient, par exemple dans des lieux commerciaux ou avec une pseudo téléexpertise "robotisée’" sous prétexte d’amélioration à l’accès aux soins. Les orthoptistes et les ophtalmologistes y servent souvent d’alibi », resituent les syndicats sans toutefois citer nommément les enseignes d’optique ou les dispositifs en supermarché qui sont visés.

Thierry Bour, au nom du SNOF qu’il préside, réitère une position qui se veut très ferme sur le sujet : « Nous rappelons qu’une téléconsultation est un acte médical qui doit se passer en visio simultanée entre le patient et l’ophtalmologiste et que ce dernier doit être identifiable par le patient dès sa demande de téléconsultation. La téléconsultation "asynchrone" n’existe pas et il ne suffit pas d’afficher "un ophtalmologiste partenaire". De plus, comme cela est rappelé régulièrement par le Conseil de l’Ordre des médecins, sauf cas particulier, une téléconsultation doit pouvoir être suivie par une consultation présentielle pour les cas le nécessitant, si possible avec le même médecin. Le principe général reste un suivi alterné téléconsultation – consultation présentielle avec le même médecin, d’où la nécessité pour ce dernier d’exercer à une distance compatible avec cette consultation en présentielle. »

Le docteur Bour avait récemment formulé ces mêmes griefs, notamment lors d’une conférence de presse mi-janvier, où l’enseigne Afflelou et le concept Sym Optic étaient plusieurs particulièrement ciblés dans ses propos. Il avait alors critiqué, en substance, des intentions mercantiles sous couvert de promouvoir l’accès aux soins visuels. Présidente du SNAO, Mélanie Ordines appuie aujourd'hui les déclarations de son homologue ophtalmo : « L’intervention d’un orthoptiste à distance n’est pas prévue par la réglementation en dehors du télésoin. Celui-ci nécessite une connaissance présentielle du patient dans les 12 mois antérieurs par le même orthoptiste et ne peut concerner un bilan visuel. », fait-elle valoir. Et les deux représentants syndicaux, d’une même voix, « d’inviter les ophtalmologistes et les orthoptistes à ne pas répondre aux offres de salariat en télémédecine qui ne respecteraient pas la réglementation, la déontologie et l’intérêt des patients. Nous appelons enfin tous les acteurs à être très attentifs à l’ensemble de ces éléments. »

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