Le Synope voit rouge contre la ministre de la santé
Après les propos de la ministre de la Santé sur les opticiens, le Synope ne décolère pas. Tout, dans les déclarations de Marisol Touraine faites sur France 5 dans l'émission C à Vous, ce mercredi, hérisse Christian Roméas, le président du syndicat, qui veut dire sa "profonde consternation".
Mais revenons d'abord sur les dires de la ministre de la Santé. Interrogée lors de cette émission sur les dispositions adoptées dans le cadre du projet de loi Conso (porté par son collègue Benoît Hamon), Marisol Touraine s'est d'abord contentée de dire qu'"il y a là une forme de réorganisation à faire qui sera positive et profitable au pouvoir d'achat des Français". Avant de porter ce jugement sur la profession qui peut apparaître comme un coup de massue : "Les opticiens ne sont pas des professions médicales. Ils vendent des lunettes. Ce ne sont pas des ophtalmologistes ou des orthoptistes. Ils se plaignent et manifestent le fait qu'ils souhaiteraient pouvoir sans doute continuer à vendre les lunettes au même prix". Prenant connaissance de ces déclarations, le Synope a aussitôt adressé une lettre de mécontentement à la ministre : "La méconnaissance de notre métier affichée par vous nous laisse sans voix. Contrairement à ce qui a été affirmé lors de cette émission, nous sommes bien des professionnels de santé, soumis aux bonnes pratiques élaborées par la Haute Autorité de Santé, et au Code de la santé publique", tient à réaffirmer la direction de l'organisation professionnelle dans ce courrier. Et de renchérir : "Ce manque manifeste de considération, corrélé à la négation de nos compétences sont autant de signaux forts d'une politique résolument dépourvue de vision et en totale incohérence avec le déploiement des futurs parcours de soins. Et ce, dans un contexte dans lequel il conviendrait au contraire de s'appuyer sur les professions de santé existantes afin de développer les délégations de tâches".
Christian Roméas n'hésite pas ensuite à démonter ce qu'il juge être des "incohérences" de la ministre, notamment quand elle déclare "dans l’hémicycle être en opposition aux préconisations de l’autorité de la concurrence de vendre des médicaments en dehors des pharmacies et être opposée à la libéralisation de la vente des produits d’entretien lentilles ou des tests de grossesse en dehors du circuit réglementé" alors que dans le même temps elle apporte son "soutien à l’adoption du projet de loi Hamon sur des dispositions contraires !" Surtout, Christian Roméas regrette vivement le manque de concertation. S'il reconnait une "unique rencontre" en juin dernier avec le cabinet de Mme la ministre, il déplore dans l'ensemble une absence de communication à tous propos, "aussi bien sur la définition du plafonnement du remboursement, sur les délégations de tâches ou sur le développement des réseaux de soins (…) ou encore sur la redéfinition d’une offre de panier de soins qualitatif accessible aux plus défavorisés". De même le Synope s'étonne-t-il de n'avoir pas été associé à la mise en place d’un "projet optique en cours de gestation dans votre Ministère, qui lui non plus n’a fait l’objet d’aucune consultation ni concertation malgré vos nombreuses déclarations en ce sens. JAMAIS, pour notre filière, vous n’avez mis en place une telle concertation !", martèle, exaspéré, le Synope. Le courrier du syndicat se conclue sur cette question : "Faudra t-il que les opticiens se dotent d’un bonnet rouge et bloquent les rues de France pour enfin être entendus ?" Reste à savoir si Mme la ministre répondra à ce qui a tout l'air d'un avertissement...
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