Le digital a bouleversé les RH depuis 15 ans, l’Intelligence Artificielle vient ajouter une nouvelle couche de remise en question.

Le digital a bouleversé les RH depuis 15 ans, l’Intelligence Artificielle vient ajouter une nouvelle couche de remise en question.

L’Intelligence Artificielle (IA) est déjà présente, sous des formes plus ou moins sophistiquées, dans notre vie quotidienne. Elle est au cœur des systèmes de recommandation, des secrétaires personnels de nos smartphones, des systèmes de reconnaissance vocale ou faciale. Elle nous impressionne par sa puissance et sa rapidité. Des mythes circulent à son endroit laissant supposer qu’elle va bientôt dominer l’homme. Nouveau métier à tisser du 21e siècle les canuts sont à l’affut.
Les DRH sont déjà affectés, de nombreuses start-up proposent des systèmes nouveaux autour du tri des candidats, de l’évaluation du potentiel de chacun, des aptitudes à travailler en groupe, des compatibilités entre membres d’équipes, de la construction de programmes individualisés d’acquisition de savoir-faire, de détection de fraude, etc. Cela croitra exponentiellement. Trois implications doivent d’ores et déjà être tirées.

Adapter les systèmes à une transparence, une prévisibilité et une planification inédites

L’ensemble des systèmes RH est déjà bouleversé, du recrutement à la séparation, de l’évaluation à la rémunération, du bilan de compétence aux programmes de développement, etc. L’IA va générer des enjeux légaux, des modifications de contrats, des inconforts et des inégalités, donc des frustrations. Les DRH doivent dès maintenant envisager ces changements, en collaboration avec leurs collègues du marketing (les approches consommateurs sont du même ordre), du juridique (il sera au centre du maelstrom), du CDO et/ou de la DSI (les systèmes sont à la source), mais surtout avec les collaborateurs (les gagnants et les perdants ne se reconnaissent pas toujours) et évidemment les partenaires sociaux. Cela requiert de comprendre de quoi l’on parle, de prévoir les prochaines étapes, d’en tirer les conséquences.

Inventer la culture qui va avec l’IA

Qu’est-ce que le « capital humain » quand l’IA le redéfinit ? Qu’est-ce qu’une compétence ? Qu’est-ce qu’une carrière, une évaluation ? Qu’est-ce qui est éthique ? Ces questions ne sont pas que sémantiques, voire philosophiques ; elles sont d’abord opérationnelles car les systèmes nouveaux vont générer de nouvelles valeurs et attitudes, des enjeux stratégiques inédits. Une culture est à inventer qui va définir des valeurs, des normes. S’interroger très en amont sur cette culture est essentiel, non seulement pour la comprendre mais aussi pour la canaliser autant que faire se pourra.

Remettre l’homme à sa place

L’IA est une chance pour redonner à l’homme sa place dans l’organisation, reconsidérer son rôle, la valeur de sa contribution, le potentiel des nouvelles relations entre lui et la machine. Alors qu’on a trop digitalisé l’homme et l’entreprise à l’ère du digital, l’ère de l’IA peut permettre de les ré-humaniser. L’IA doit être vue comme un levier pour l’intelligence de l’homme, pas comme un remplacement.