"Essilor et Luxottica ne sont pas des obstacles à la concurrence"
Dans une longue tribune, le nouveau directeur général de Krys Group répond à Marc Simoncini "sur le soi-disant défaut de concurrence dont souffrirait le marché de l'optique en France".
À peine entré en fonction, Jean-Pierre Champion, le tout nouveau DG de Krys Group, entre dans l'arène pour, après Alain Afflelou et Christian Roméas, porter la contradiction au fondateur de Sensee dans une tribune de près de trois pages adressée à la presse hier soir. De son point de vue, si Sensee.com connaît "l'échec" c'est à cause de "la nature même du marché de l'optique". Jean-Pierre Champion commence par un constat : "Il n'y a pas un pays dans le monde où le modèle pure player internet ait réussi à dépasser la barre des 3 % sur le marché de l'optique, à l'exception du segment des lentilles de contact". Et de regarder la situation chez nos voisins : "Même dans les pays anglo-saxons où l’optique est sortie de la distribution spécialisée grâce à Tesco ou Walmart, Internet n’a pas trouvé de terreau favorable. Même constat sur les marchés où une forte baisse des prix a été enregistrée. Celle-ci est le fait de distributeurs physiques (comme Specsavers en Grande Bretagne et Fielmann en Allemagne) et non de sites Internet. L’échec des pure players internet n’a donc rien à voir avec les caractéristiques du marché français. Il est dû à des raisons plus profondes et communes à tous les marchés".
Pour M. Champion, ces raisons tiennent à la spécificité d'un marché qui est certes de plus en plus axé sur la mode mais avant tout lié à la santé : "Qu’il soit dérégulé ou à fort niveau de remboursement, le constat est le même : le marché de l’optique est un marché spécifique dans lequel le magasin reste un point de passage obligé. C’est un marché qui relève davantage du « sur mesure de masse » que du « prêt à porter ». C’est aussi un marché qui exige la présence physique du client, d’équipements sophistiqués et de personnels formés à ces équipements. Outre les verres qui pour la plupart sont fabriqués sur commande en fonction de paramètres précis au degré près, chaque monture requiert différentes mesures qui vont conditionner l’acuité et le confort visuel du porteur (sa courbure, l’écart et la hauteur pupillaire ou l’angle pantoscopique) et qui ne peuvent être effectuées qu’en magasin", argumente-t-il longuement.
Plus loin dans sa tribune, M. Champion s'attarde sur la question du prix dont Marc Simoncini, précisément, a voulu se faire, sans mauvais jeu de mots, le champion. Si le DG de Krys Group prend acte du fait que "la baisse des prix est un argument attractif", il ne suffit pas selon lui à convaincre le consommateur, loin s'en faut. À ses yeux le prix n'est pas "le seul critère de décision de consommateurs" parce que, là, encore, l'équipement optique n'est pas un produit de consommation courante mais lié à la santé.
Ailleurs dans sa tribune, Jean-Pierre Champion revient également sur la domination qu'exerceraient Essilor et Luxottica sur le marché au point de le verrouiller, d'après M. Simoncini. M. Champion balaye cette allégation : "Essilor et Luxottica ne sont pas des obstacles à la concurrence en France, ils la stimulent au contraire". Et de développer : "Rien n’empêche un distributeur et même un pure player d’ouvrir sa propre usine de surfaçage, comme le fait Coastal.com le pure player canadien, et de se rendre de ce fait indépendant des verriers". Sur ce point, il met logiquement en avant le cas de Krys Group qui "a justement fait le pari de l’indépendance en intégrant verticalement le surfaçage des verres dans son usine de Bazainville".
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