Pour le syndicat des ophtalmos, installer des solutions de télémédecine chez l’opticien est une « confusion des genres inacceptable entre médecine et commerce ». Le président du SNOF s’en explique.

Le président du Syndicat des ophtalmologistes de France voit rouge : « Le projet de téléconsultation Althalia – GrandVision France dans des magasins d’optique pose de graves problèmes déontologiques pour notre profession. Tel que cela est envisagé à ce jour, il s’agit non seulement d’une atteinte au secret médical, mais aussi d’une confusion entre prescription et vente. Si l’intention de trouver une solution pour réduire les délais d’attente et faciliter l’accès aux soins est louable, cela ne doit pas être un alibi pour accroître l’attractivité d’un point commercial et mettre en situation de compérage opticiens et ophtalmologistes ! ». Le docteur Thierry Bour ne mâche pas ses mots, vivement opposé à tout protocole de télémédecine au sein de magasins d’optique, selon lui « incompatible avec le code de déontologie et l’exercice d’une médecine de soins ».

Réuni le 13 octobre, le conseil d’administration du SNOF a rejeté à l’unanimité le principe de développer des protocoles de vidéo-consultation ophtalmologique chez l’opticien. « Les activités de soins et de prescription d’une part, et celles de vente d’équipements optiques d’autre part, doivent rester séparées dans l’intérêt des patients, insiste vigoureusement le Dr Bour. Nous ne pouvons pas accepter qu’un protocole de télémédecine autorise la présence d’un opticien-lunetier durant une consultation médicale, fut-elle à distance. Il y a beaucoup de lieux plus légitimes, dans l’intérêt des patients, pour faire des téléconsultations comme les cabinets secondaires d’ophtalmologie ou les maisons de santé équipés en matériel adéquat avec assistance d’un orthoptiste. » Et d’ajouter aussitôt, par souci sans doute de rappeler les efforts de rapprochement entre les deux professions ces derniers temps : « Cela ne retire rien au fait que les opticiens-lunetiers sont des partenaires essentiels des ophtalmologistes depuis des années. »

Signe des questions que soulève à ses yeux ce type de dispositif, M. Bour redouble d'insistance : « Ce protocole ne correspond pas à la réglementation actuelle selon nous et il ne devrait pas aboutir à un remboursement par l’Assurance Maladie, que nous allons d’ailleurs interroger. Nous conseillons à tout ophtalmologiste tenté par ce type de protocole de soumettre au préalable le contrat au Conseil de l’Ordre des Médecins. Le SNOF se bat depuis plusieurs années pour réduire les délais d’attente et permettre à tous les Français, où qu’ils soient, d’avoir accès à des soins ophtalmologiques ! Il est clair que la délocalisation de consultations médicales dans des magasins d’optique n’est ni pertinente ni déontologique. Les opticiens-lunetiers sont des partenaires clés de notre profession et des interlocuteurs privilégiés des Français dans le choix et le conseil d’équipements optiques, mais les ophtalmologistes demeurent les garants de la santé visuelle ».
Ce n’est pas la première fois que le SNOF s’oppose à la mise en place de ce genre de dispositif déployé par les enseignes. Cet été déjà, suite à l’expérimentation d’un protocole similaire par Krys Group depuis le printemps, le porte-voix des ophtalmologistes nous avait confié son désaccord en marge d’une conférence de presse.

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