En l’absence jusqu’alors de toutes données ou recensement concernant les malvoyants en France, l’enquête nationale baptisée Homère pose les premiers jalons d’une meilleure connaissance de la situation personnelle et professionnelle des populations concernées.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y avait pas jusqu’à présent en France d’étude fiable et d’envergure sur la situation des personnes déficientes visuelles, dont le nombre est pourtant estimé à 1,7 million dans notre pays. D’où l’initiative lancée il y a plus de deux ans par Homère*, un collectif d’associations représentatives des malvoyants pour piloter une grande enquête en vue de récolter des données-clés sur le profil des personnes concernées et sur leurs problématiques au quotidien. Pour mener à bien ce projet, dont la restitution des premiers résultats a eu lieu cette semaine, ces associations se sont appuyées sur un consortium de recherche réunissant des chercheurs universitaires du laboratoire DIPHE de l’Université Lumière Lyon 2 et du laboratoire CHArt-THIM de l’Université Paris 8 et des cabinets spécialisés. Concrètement, des données inédites sur cette population atteinte de formes plus ou moins sévères de basse vision, et des informations pertinentes sur leur cadre de vie, ont été obtenues auprès de 1 865 répondants ayant répondu à un questionnaire en ligne accessible durant ces deux dernières années (voir infographie).

Entre autres premiers éléments portés à notre connaissance (voir aussi l'infographie), on sait ainsi désormais qu’à partir de 65 ans « moins de 10 % des personnes déficientes visuelles sont formées à la locomotion pourtant essentielle pour garder son autonomie », explique le collectif. On nous apprend également que, alors que près de 50 % des malvoyants sont au chômage, « les obstacles à l’emploi identifiés sont l’inaccessibilité des annonces en ligne et les outils et logiciels non adaptés à ce public ». Parmi les 5-15 ans, apprend-on encore, 63 % des répondants n’ont pas accès aux supports de cours adaptés à leur handicap en même temps que leurs camarades… Inédite par son ampleur, cette étude doit par ailleurs constituer le point de départ d’un Observatoire de la déficience visuelle, que le collectif Homère appelle de ses voeux auprès des pouvoirs publics. Et d’en souligner la nécessité : « Cet outil permettra de pérenniser cette démarche participative et d’en faire un support majeur d’inclusion des personnes déficientes visuelles auprès des acteurs de la société civile ». Dans un manifeste consultable en ligne, les membres du collectif Homère font valoir différents arguments en faveur de la naissance de cet observatoire dédié.

* Du nom de l'auteur de L'Iliade et l'Odyssée, qui était malvoyant.

 

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