La Fédération nationale des opticiens de France (FNOF) dénonce les propos tenus par le SNOF et le SNAO dans leur dernier communiqué de presse commun qui, selon le syndicat, vise notamment à « jeter le discrédit sur les opticiens ».

« Décret de la discorde », avions-nous titré en début de semaine à propos de la parution - controversée - du décret d’application concernant l’adaptation des primo-prescriptions par les opticiens. Cela se confirme aujourd’hui, avec la réponse musclée de la FNOF aux syndicats d’ophtalmologistes (SNOF) et d’orthoptistes (SNAO). En politique, on appelle ça un recadrage ou, si on préfère une image rugbystique, un raffut. Car Hugues Verdier-Davioud, le président de la Fédé, s'offusque des propos tenus par ses homologues dans leur récent communiqué de presse commun qui, selon le syndicaliste, vise notamment à « jeter le discrédit sur les opticiens ». « Adapter une prescription n’est pas la remettre en question, c’est la personnaliser aux besoins précis du patient afin de lui assurer le meilleur confort visuel. Cela relève pleinement de l’expertise technique de l’opticien-lunetier. C’est une prérogative qui lui est déjà accordée dans le cadre d’un renouvellement alors que le patient n’a pas vu le médecin depuis plus d’un an », tient-il à rappeler d’abord, avant de répliquer point par point à ce qu’il estime être des « affirmations sans fondement » et des « arguties ». Exemples...  

La prétendue méconnaissance, côté opticiens, des pathologies oculaires ? « Spécieuse », balaye le président de la FNOF, « dans la mesure où, dans le cadre d’une primo-délivrance, le patient a vu tous les doutes levés par le médecin qui peut donc s’opposer en toute connaissance de cause à l’adaptation. Qui plus est, les opticiens renouvellent et adaptent des prescriptions depuis plus de quinze ans sans qu’aucun incident sanitaire n’ait conduit à remettre en cause cette disposition. » La « motivation guidée par intérêt financier » invoquée par les prescripteurs ? Hugues Verdier-Davioud tombe des nues : « En quoi une adaptation de confort peut-elle changer le prix de vente d’un verre ? L’opticien assure, à sa seule charge, depuis des années, des garanties adaptation même si la loi ne le prévoit pas (hormis la garantie inadaptation visuelle pour les progressifs de classe A) ». (Sur ce point particulier, précisons toutefois que le SNOF, comme cela nous a été indiqué, semble surtout penser aux éventuels remplacements de produits prescrits dans le cadre des verres de freination de la myopie, certains étant plus rémunérateurs que d’autres...)

Élargissant ensuite la focale à d’autres sujets qui lui semblent plus litigieux, la FNOF, décidément remontée, dit s’inquiéter quant à elle de « l’inefficacité de la délégation de tâche accordée aux orthoptistes en matière de prescription. Les prescriptions émanant des orthoptistes ne dépassent pas 0,13 % des volumes globaux pour les lunettes en 2023 ». Et de constater aussi, pour s’en étonner, qu’il y a « des prescriptions de lentilles émanant d’orthoptistes alors que la formation nécessaire pour pouvoir prescrire des lentilles n’a toujours pas été définie » en termes de règlementation. La Fédé s’élève également contre le supposé « manque de règles professionnelles chez les opticiens » et tacle le syndicat des ophtalmos ainsi : « Et quelles ont été les sanctions ordinales prononcées à l’encontre des médecins défaillants [dans le cadre des fraudes avérées de certains centres ophtalmologiques] ? » Les obligations légales de communication entre les 3 "O" donnent elles aussi lieu à une passe d’armes : « La Fédération constate que si la communication envers les opticiens de s’équiper en messagerie sécurisée afin de favoriser les échanges avec les 3 "O" prend corps, les retours des prescripteurs en termes d’équipement, d’utilisation ou de mise à disposition ne dépassent pas, à date, 5 %, ce qui ne favorise pas les échanges entre les ophtalmologistes, les orthoptistes et les opticiens. » Bref, de tous côtés les syndicats voient rouge ; hisseront-ils bientôt le drapeau blanc ?

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