Une économie de l’usage
Tendu par une étouffante réglementation, le secteur de l’optique plie mais ne rompt pas, en attendant de nouveaux assauts législatifs que ne manqueront pas de provoquer des politiciens étatistes dans les mois à venir.
Tendu par une étouffante réglementation, le secteur de l’optique plie mais ne rompt pas, en attendant de nouveaux assauts législatifs que ne manqueront pas de provoquer des politiciens étatistes dans les mois à venir. Pour preuve, dans l’escarcelle socialo-libérale du nouveau Président de la République, la promesse d’un remboursement à 100% des équipements optiques est le principal signal qui devrait tirer le marché un peu plus vers le bas. En effet, dans les abysses du trou de la sécu, il est peu probable d’y trouver les quelques milliards nécessaires pour équiper les 70% de Français qui portent des lunettes et dépensent en moyenne 330 euros par an. De plus, le devis normalisé effectif le 1er janvier 2018 et le remboursement des équipements tous les deux ans au lieu d’un an, annoncent de nouvelles perturbations pour le marché français, les opticiens vont devoir engager des politiques de fidélisation ardues pour faire face à une refonte de la consommation et par ricochet de leur business.
Le secteur de l’optique s’oriente vers les évolutions du commerce en marche depuis quelques années : le multicanal, le low cost et l’abonnement. Nous passons assurément d’une économie de l’acquisition à une économie de l’usage avec une clé d’entrée (qui n’est pas la seule !) : l’abonnement. Un mode de consommation « vieux comme le commerce » qui retrouve de l’intérêt chez des clients qui recherchent la simplicité, la liberté et la personnalisation. Une pratique qui se développe sous la pression — entre autres — des jeunes générations qui sont de plus en plus dans une logique d’usage que d’achat, pour des raisons de praticité, d’efficacité et de maîtrise budgétaire pour ne pas avoir à investir et immobiliser une somme conséquente pour un produit.
L’économie de l’abonnement touche tous les secteurs de la consommation, optique compris, des enseignes proposant déjà des solutions adaptées. « Plutôt que de réaliser des achats ponctuels, de nombreux consommateurs choisissent désormais de s’abonner à un service pour recevoir une prestation régulière, tissant ainsi une relation de long terme avec l’entreprise prestataire », constate l’Atelier BNP Paribas dans une étude sur le sujet. En conséquence, nous sommes de moins en moins dans un monde cartésien, davantage dans un monde fracturé où chacun construit/reconstruit sa communauté, sa philosophie de vie et son mode de consommation.
Les opticiens doivent rapidement sortir de leur « zone de confort » pour saisir ces changements, au risque d’être renverser par des start-up filantes et opportunistes. Il est de plus en plus facile de créer sa société et d’entrer sur un marché même saturé « à coups de bélier marketing », la concurrence jaillit désormais là où on ne l’attend pas forcément. Pour conquérir ou reconquérir des clients très sollicités et les garder captifs et fidèles, les professionnels de l’optique devront réinventer leur business — via des services d’usage — pour mieux le pérenniser.
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