Solaires : jamais sans ma griffe ?
Le soleil se fait désirer au nord et à l’est de l’Europe, les météorologues constatent « une anomalie de précipitations » depuis le début de l’année qui devrait évoluer vers « un été très chaud et sec cet été, avec un risque de périodes caniculaires récurrentes, potentiellement notables mais également durables. »
Une potentielle aubaine pour le secteur des lunettes de soleil qui, selon Grand View Research, pèse 31,8 milliards de dollars en 2023 et devrait atteindre plus de 40 milliards de dollars en 2027. Sur les 880 millions de paires de lunettes de soleil vendues, les marques de mode et de luxe règnent sans partage avec près de 72 % des volumes, une domination en léger recul de 1 à 2 % au profit des montures de créateurs et apparentés. Un léger retrait lié aux designers et aux lunetiers traditionnels de plus en plus nombreux à développer des collections solaires qui ne sont pas des extensions de leurs montures optiques, mais des collections à part entière au design original. Reste que les griffes vont tenir le marché encore longtemps, habiles à se rendre attractives et désirables.
Ces dernières années, le marché des lunettes est en proie à des évolutions stratégiques opérées par les groupes de luxe engagés à internaliser la production et la distribution de leurs lunettes gérées en licences. Kering Eyewear a pris les devants pour contrôler entièrement la chaîne de valeurs et, au-delà, s’imposer comme un lunetier à part entière : en plus de gérer les lunettes des marques du groupe (Saint Laurent, Balenciaga, Gucci, Bottega Veneta, etc.), il exploite les lunettes des marques Cartier, Dunhill, Montblanc, Alaïa et Chloé du groupe Richemont et a racheté Lindberg, Maui Jim et Zeal Optics. Kering Eyewear a ainsi réalisé 1,56 milliard d’euros de CA en 2023 pour un résultat opérationnel de 276 millions d’euros, un bilan remarquable pour une filiale du groupe Kering née seulement en 2014. Quatre ans plus tard, LVMH s’est appuyé sur le savoir-faire de l’italien Marcolin pour fonder une coentreprise baptisée Thélios dédiée aux lunettes. Depuis, LVMH a pris le contrôle de cette entité en rachetant les parts de Marcolin, entreprise désormais convoitée.
Les grands acteurs des licences optiques ont en effet les yeux rivés sur l’entreprise italienne depuis que la société de capital-investissement Pai Partners a décidé de vendre la totalité de ses parts à hauteur de 78,5 % qu’elle détient depuis 2012. La société Marcolin est une pépite avec un portefeuille garni d’une vingtaine de marques dont Tom Ford, aujourd'hui propriété d'Estee Lauder, une cash-machine dont elle a obtenu un accord de licence perpétuel. Elle a aussi renouvelé ses accords de licences avec Zegna, Pucci, Max&Co et signé avec Christian Louboutin dont les premières collections sont attendues en 2025, future cash-machine… Les dirigeants actuels de Marcolin vont-ils choisir un groupe de luxe (Thélios ou Kering Eyewear) ou un lunetier (EssilorLuxottica, Marchon, Safilo ou De Rigo…) ? Les rumeurs vont bon train, une chose est sûre, Marcolin offre un profil très enviable dans la ligne du mouvement actuel de renforcement marketing sur le segment des lunettes solaires (et par effet d’entraînement des lunettes optiques) considérées comme un produit hautement porteur, en termes de désirabilité et de marges, à l’instar de la maroquinerie qui fait la fortune des marques de mode et de luxe. Quoi qu’il arrive, les producteurs italiens vont tirer leur épingle du jeu étant archi dominant et le premier exportateur mondial sur le segment des lunettes haut de gamme vendues entre 300 et 1 000 euros.
Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter