Selon les comptes de la santé publié par la DREES, le montant des soins hospitaliers et ambulatoires en France s’élevait à 84,7 milliards d’euros en 2012 et à 109,4 milliards d’euros en 2021. Les dépenses en optique étaient de 7,1 milliards en 2021 contre 5,9 milliards d’euros en 2012 ; quant aux prothèses auditives, elles ont explosé, passant de 830 millions d’euros en 2012 à plus de 2 milliards d’euros l’année dernière ! Les analystes de la DREES expliquent que la montée en flèche des dépenses d’audioprothèses (+ 60%) est liée à la réforme du 100 % Santé. L’État ne parvient pas à contenir des dépenses de première nécessité (la santé n’est pas une option) malgré ou à cause de politique à courte vue et mal calibrée, mais le pourrait-il ?

Les maladies prospèrent sur une population vieillissante, et les plus jeunes ne sont pas épargnés par les maux contemporains : stress climatique, obésité exponentielle, myopie galopante et désormais surdité sous-jacente. D’après la revue scientifique BMJ Global Health qui couvre tous les aspects de la santé mondiale, un quart des 18-34 ans sont confrontés à des volumes sonores - dans des casques, écouteurs, discothèques et autres salles de concerts - beaucoup trop élevés, au point que près d’un milliard d’entre eux vont subir des pertes auditives sérieuses, voire sévères. Les molles campagnes de prévention ne poussent guère à des changements de comportements, c’est donc au secteur médical et paramédical de prendre en charge ces patients et donc de proposer des soins qui ont un coût et donc un prix. Face à cette situation alarmante, les politiques confrontés aux électeurs préfèrent laisser filer les dépenses, creuser les déficits et… taxer !

Lors du Projet de loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2023 (PLFSS), le gouvernement Macron ne se prive pas de pressurer les professionnels de santé comme les laboratoires et entend encadrer les marges des spécialistes distribuant des dispositifs médicaux acquittés dans le cadre de la liste des produits et prestations remboursables par l'Assurance Maladie (LPP). Les opticiens et les audioprothésistes sont en première ligne de cette économie administrée par un État impécunieux qui balaye rarement devant sa porte. En cela, Emmanuel Macron, adepte de l’argent magique, préfère le tollé des professionnels (qui ne cassent pas les abribus) à la révolte populaire qui voit jaune, familière du saccage ; il choisit la démagogie à la pédagogie.

La santé est une industrie de services qui implique des professionnels en concurrence face à des patients-consommateurs sourcilleux, parfois surconsommateurs et peu soucieux de la collectivité. Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, François Braun, le nouveau ministre de la Santé a déclaré « vouloir reconstruire le système de santé » (sic !) et en appelle « à la responsabilité collective ». Un volontarisme d’État déclaratif et rarement effectif, sinon à saupoudrer l’argent magique et à alourdir les taxes dont les opticiens — qui ne manifestent jamais dans la rue — font les frais…

Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter