Les lunetiers courtisés par les GAFAM
Lors du dernier Mobile World Congress à Barcelone en février dernier, certains s’interrogeaient quant à la forme et à l’usage du remplaçant du smartphone dont les ventes reculent depuis six ans faute d’innovations de rupture. En regard de cette crise de croissance, des start-ups s’attellent à promouvoir des objets portables réduits à une sorte de pin’s, dopés à l’IA et fonctionnant à la seule voix pour faciliter la connect-mobilité et supprimer la gestuelle tactile des écrans jugée obsolète. Des innovations très balbutiantes à observer d’un œil.
La montre intelligente, sans être une alternative au téléphone portable puisqu’elle est associée à lui, a pourtant trouvé sa place : Mordor Intelligence estime que les ventes devraient dépasser 171 millions d’unités en 2024 et atteindre 583,8 millions d’unités en 2029. Depuis 2014, date de lancement de l’Apple Watch, il a fallu seulement dix ans à la montre connectée pour s’imposer… Un des relais supposés ou espérés du mobile pourrait être les lunettes connectées. Après l’échec de ses Google Glass lancées en 2013, la firme de Mountain View a annoncé revenir sur le sujet grâce à la miniaturisation des puces et des batteries dont les performances s’accroissent à rebours de leur taille de plus en plus réduite et grâce à l’intelligence artificielle. « Les assistants virtuels sont vraiment très puissants sur les smartphones, mais ils prennent vraiment tout leur sens dans des produits comme les lunettes connectées », révélait Sundar Pichai, le PDG de Google interrogé par Le Figaro le 17 mai dernier. Depuis plusieurs mois, les géants de la Silicone Valley et les leaders italiens de la lunetterie s’agitent autour de cet objet immanquablement le plus adapté à la connect-mobilité.
Essilor-Luxottica et Meta (ex-Facebook) se sont associés pour les lunettes Ray-Ban Stories peu convaincantes qui se sont vendues à 300 000 exemplaires seulement. La version 2 baptisée Ray-Ban Meta devrait séduire davantage avec une nouvelle puce Qualcomm Snapdragon AR1 Gen1 plus réactive et un assistant virtuel nourri à l’IA qui répond aux commandes vocales. On passe enfin du gadget à l’objet d’usage. Fort de l’expérience et des déboires de ses concurrents, le géant Amazon s’est associé, via son assistant virtuel Alexa, à Safilo et sa marque Carrera pour démontrer que la puissance technologique doit s’associer au savoir-faire d’un lunetier et à la désirabilité d’une marque. Amazon pour efficace qu’il soit ne fait pas rêver, à l’inverse de Carrera. Qui Google va-t-il courtiser pour conquérir un marché à naître ? Dans dix ans, peut-être moins, les lunettes intelligentes vont connaître une croissance exponentielle et bouleverser deux secteurs : la téléphonie mobile et l’optique. Des lunetiers sont déjà dans les starting-blocks…
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