En France, les jamais-contents n’ont de cesse d’affirmer que la vie coûte de plus en plus chère, que l’inflation est galopante et que les salaires stagnent. Le point de repère étant le prix de la baguette de pain, symbole hexagonal s’il en est, dont le coût aurait « explosé » depuis la fin de la règlementation sur les prix en 1978 et l’arrivée de l’euro en 2001. Quelle est la réalité ?

En France, les jamais-contents n’ont de cesse d’affirmer que la vie coûte de plus en plus chère, que l’inflation est galopante et que les salaires stagnent. Le point de repère étant le prix de la baguette de pain, symbole hexagonal s’il en est, dont le coût aurait « explosé » depuis la fin de la règlementation sur les prix en 1978 et l’arrivée de l’euro en 2001. Quelle est la réalité ? Les consommateurs sont libres de choisir là où ils souhaitent acheter leur baguette en fonction de leur pouvoir d’achat. En une quinzaine d’années, le prix moyen de la baguette de 250 gr est passée de 67 cents à 88 cents, soit environ 30 % d’augmentation, mais dans ce même laps de temps le montant du Smic a progressé de 50 %... Aujourd’hui, chez E. Leclerc, la baguette Marque Repère de 250 gr est à 0,77 €, chez Eric Kayser, boulanger chic et branché, la baguette Malherbes est à 1,25 € et chez un boulanger lambda la baguette tradition coûte en moyenne 1,05 €… Peut-on parler de flambée des prix ? Peut-on parler de stagnation du pouvoir d’achat ?

Dans le domaine de l’optique, on assiste aux mêmes interrogations sur les prix, le coût des lunettes étant jugé inflationniste et inaccessible pour une frange de la population. Depuis plus d’une dizaine d’années, les associations de consommateurs mènent des procès à charge contre les opticiens, relayés par la grande presse qui embraye sur le même discours lancinant dont elle fait ses choix gras éditoriaux. Ce qui a réveillé l’intérêt du politique en décidant avec une facilité confondante de réglementer le prix des lunettes, la filière optique-lunetterie, incapable de parler d’une seule voix, s’étant laissée flouer sans parvenir à recadrer la réalité. Selon le site 66millionsdimpatients.org, édité par France Asso Santé, la voix des usagers (qu’on ne peut pas taxer de pro lobby optique), « le prix moyen d’une paire de lunettes équipée de verres unifocaux s’élève en France à 278 € — 135 € pour la monture + 143 € pour les verres —. Un équipement optique muni de verres progressifs atteint quant à lui un tarif de 568 € en moyenne — 135 € pour la monture, 433 € pour les verres. » Ce même site rapporte que la plupart des magasins d’optique proposent « en tant que produit d’appel un pack comprenant une monture simple et des verres basiques adaptés à la correction de l’usager », avec des prix qui oscillent entre « 29 et 49 € pour une monture de lunettes dotée de verres unifocaux et de 69 à 129 € pour un équipement optique progressif ». Le marché de l’optique est et a toujours été concurrentiel, les consommateurs sont libres de choisir là où ils souhaitent acheter leurs lunettes en fonction de leur pouvoir d’achat…

Contre la cherté décrétée par les associations de consommateurs, la réforme de l’optique décidée par le gouvernement avec le RAC 0 impose un plafonnement du remboursement de la monture à 30 € (pour les lunettes de Sécu) et à 100 € (pour les lunettes hors complémentaires), des montants qui créent une valeur étalon, une balise prix pour le marché et donc pour les clients qui ne manqueront pas de scruter les devis dans le détail. Reste que le prix affiché d’une paire de lunettes dépend de paramètres objectifs et subjectifs : le matériau de la monture, la qualité de fabrication, l’apposition d’une marque ou non, la technologie des verres, le positionnement du magasin ou de l’enseigne, la politique commerciale de l’opticien et la sensibilité du client à considérer qu’une paire de lunettes correctrices est prioritairement un équipement médical ou avant tout un accessoire de mode… Quoi qu’il en soit avec la nouvelle donne réglementaire, fabricants et distributeurs n’ont pas d’autre choix que de se mettre en ordre de bataille pour proposer une offre de montures et de verres aux nouveaux prix du marché pour préserver leur coefficient de marge. Ce qui va profiter aux industriels chinois qui produisent peu ou prou déjà 80 % des lunettes haut de gamme et bas de gamme du monde... Dans le même temps, les opticiens devront jouer la carte de la transparence pour expliquer aux consommateurs la valeur « réelle » de leurs produits. Une pédagogie indispensable mais compliquée : une baguette Malherbes d’Eric Kayser à 1,25 € est-elle meilleure qu’une baguette Marque Repère de E.Leclerc à 0,77 € ?

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