La crise sanitaire semble avoir glissé sur le marché du luxe comme l’eau sur les plumes d’un canard huppé.

La crise sanitaire semble avoir glissé sur le marché du luxe comme l’eau sur les plumes d’un canard huppé. Avec une croissance de 30 % cette année, le chiffre d’affaires des grandes maisons va dépasser les 280 milliards de dollars en cumulé, soit plus que l’année 2019 qui était de 247 milliards de dollars. Un bond en avant lié à l’attractivité des marques et à la grande appétence d’acheteurs en recherche de produits qui les valorisent et les font rêver. Une croissance propulsée aussi par une base de clients qui ne cessent de croître, notamment en Asie. Et surtout les incontournables millennials du monde entier. D’après Bain & Company, les moins de 40 ans représenteraient 40 à 50 % des acheteurs du luxe, tirant la croissance du secteur à hauteur de 130 % à l’horizon 2025. Un jeunisme qui pousse les grandes marques à configurer leurs lignes de produits sur un registre plus informel. Le sportswear et la mode urbaine infiltrent toujours plus les collections du luxe pour démontrer leur coolitude qui séduit les jeunes générations avec des produits accessibles en termes de style et de prix. À l’image des baskets et des lunettes : des produits à haute valeur sociale, conformes au caractère stylistique recherché et surtout très visibles.

Un attrait bien compris des maisons de luxe qui passent d’un marché de la lunetterie sous licences à un modèle intégré. Le groupe Kering avait ouvert le bal en 2014, renforcé par le groupe Richemont qui a pris une participation en 2017 dans la filiale Kering Eyewear installée en Italie. La même année, le numéro 1 mondial LVMH créait Thélios, une joint-venture avec l’italien Marcolin pour mieux apprendre, comprendre et maîtriser le savoir-faire lunetier. Apprentissage achevé, LVMH est désormais seul maître à bord de Thélios et ambitionne de loger toutes ses marques dans cette structure industrielle implantée à Longarone en Italie, qui, sur 18 000 mètres carrés où travaillent 800 personnes, produit déjà plus de 4,5 millions de paires de lunettes d’une dizaine de marques (Dior, Fendi, Céline, Loewe, Stella Mc Cartney, Kenzo, Fred, Berluti, Rimowa et, à compter de janvier prochain, Givenchy_ndlr). Avec leurs entités dédiées, les deux groupes français vont accélérer sur le développement des lunettes de luxe et l’Italie va demeurer l’incontestable producteur sur ce segment dominé par le numéro 1 Luxottica, suivi donc par Kering Eyewear et Thélios. La France, sans ambition industrielle, ayant définitivement raté le marché de la lunetterie de luxe. L’offre stimulant le désir, ces trois géants vont faire croître ce marché qui devrait atteindre les 5 milliards de dollars à l’horizon 2025, un tiers de plus qu’aujourd’hui.

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