Demain, le techn’opticien
Les prospectivistes, dont je fais partie, constatent que d’ici à 2030/2035, près de deux milliards d’emplois auront disparu sans qu’ils soient remplacés à coup sûr.
Les prospectivistes, dont je fais partie, constatent que d’ici à 2030/2035, près de deux milliards d’emplois auront disparu sans qu’ils soient remplacés à coup sûr. Les usages et les technologies modifient l’économie en profondeur et obligent à réinventer l’éducation et la formation au risque d’être confronté à des cohortes de chômeurs natifs et d’individus inemployables. Education et formation, deux domaines où la France est médiocre et en recul inexorable : l’école de la République enfermée dans sa posture anti-économique et la formation professionnelle gangrénée par des syndicats rapaces (et des margoulins à qui l’Etat distribue des numéros d’agréments à tout va) produisent des individus sans structure dans une globalisation expansive.
Les opticiens n’échappent pas à cette évolution. Hier, profession noble, l’opticien est aujourd’hui un métier banal réduit à la vente de montures et de verres, au mieux. Banalisation qui va s’accélérer avec l’emprise des mutuelles et des comptables sur leur fonction, et avec le développement du e-commerce qui, peu ou prou, grignotera des parts de marché.
Demain, le futur opticien devra changer sa vision en misant sur ses connaissances, sa formation, sa capacité à s’adapter à des clients avertis et exigeants. Première étape, le futur opticien renforcera son profil paramédical. Est-il normal que les opticiens qui vendent des « dispositifs médicaux » n’aient pas suivi au moins une année en fac de médecine pour élargir leurs connaissances au-delà des anomalies de l’œil et des pathologies courantes ?
Deuxième étape, le futur opticien s’engagera à suivre des mises à niveau régulières sur les évolutions du marché, sur les marques, les nouveaux produits, les tendances… Combien d’opticiens ne mettent jamais les pieds dans un salon professionnel et survolent la presse, laissant les grands groupes « gérer » leurs achats et leurs stocks ?
Troisième et dernière étape, le futur opticien approfondira son savoir sur les verres, le cœur du dispositif médical. Les verriers investissent en R&D pour améliorer la performance de leurs produits et franchir le Rubicon de la rupture technologique qui vise à améliorer la vue en HD, mais plus encore à intégrer des interfaces multi-sensorielles : vision assistée, vision augmentée, capteur de stress, de pathologies, de lumière ambiante… Des options bientôt indispensables et invisibles qui devront être proposées à des clients/patients qui attendront compétence, discipline et adaptabilité de leur opticien (et sens du commerce !), un techn’opticien vraiment spécialisé qu’un robot ne pourra remplacer, comme tant d’autres métiers déshumanisés sans valeur ajoutée « services ».