Demain, la paravision
Faire céder les digues du corporatisme, telle est toujours la volonté d’un gouvernement réformateur.
Faire céder les digues du corporatisme, telle est toujours la volonté d’un gouvernement réformateur. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale va inscrire une mesure autorisant les orthoptistes à prescrire des lunettes et des lentilles correctrices. Comme d’habitude, les ophtalmologistes s’insurgent et entendent freiner le sens de l’histoire. En vain. Primo, les orthoptistes peuvent déjà renouveler les ordonnances des lunettes ; secundo, le législateur entend border la loi pour éviter une foire d’empoigne ; tertio, la pandémie du Covid a fait évoluer le rapport des individus avec leur santé qui est devenue prioritaire. Une priorité qui exige un meilleur accès aux soins. Or avec une moyenne de 8,71 ophtalmologues pour 100 000 habitants, il faut augmenter l’offre médicale autour de la vision.
Le plus urgent est de cesser d’enfermer la médecine en silos selon le nombre d’années passées en fac et de fluidifier les rapports entre les différents professionnels. Ophtalmologistes, orthoptistes, opticiens marchent dans les mêmes pas : permettre à des millions de personnes de prendre leur vue au sérieux, de corriger leurs déficiences et de soigner les maladies de l’œil. Les opticiens nombreux et implantés sur tout le territoire, pourraient prendre exemple sur les pharmaciens qui ne se contentent plus de délivrer des médicaments, même les anticancéreux et traitements pour des maladies rares qui jusque-là étaient prescrits uniquement par l’hôpital, mais multiplient les services : vaccins, tests, suivis des traitements longs…. Là encore, le Covid a accéléré le mouvement de relais entre des médecins et leurs patients. Des pharmaciens s’équipent également de système de téléconsultations avec des professionnels de santé pour assurer des soins de proximité et pallier aux déserts médicaux.
Les opticiens sont aussi des relais déterminants et familiers pour beaucoup de patients, ils pourraient donc élargir leurs compétences et leurs services comme la téléconsultation, d’autant qu’ils disposent déjà d’une salle de réfraction pour les examens de vue. Des enseignes comme Optic 2000 s’y préparent déjà. Les lignes bougent, des opticiens entament leur mue et s’engagent sur la voie de la paravision pour prendre soin de leurs clients, au-delà de la vue, comme la vente de prothèses auditives. Il faut faire vite, des groupements de pharmaciens lorgnent du côté de l’optique et de l’audioprothèse…
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