Beaucoup de bruit pour rien ?
Depuis plusieurs semaines, le landerneau médical milite contre l’encadrement des professionnels de santé libéraux et l’enfermement des patients dans des réseaux de soins gérés par les assureurs. La dernière action en date, le « Vendredi noir » ou « Black Friday », a été perturbée par les attaques terroristes à Paris et aussi par un malencontreux amalgame avec le « Black Friday » commercial nord-américain exporté sous nos cieux qui donne le coup d’envoi de la période des achats de fin d’années avec une journée de soldes fous ! Le lien entre un monde de la santé envoyé à la casse et un monde marchand qui envoie les prix à la casse n’était pas du meilleur effet…
Depuis plusieurs semaines, le landerneau médical milite contre l’encadrement des professionnels de santé libéraux et l’enfermement des patients dans des réseaux de soins gérés par les assureurs. La dernière action en date, le « Vendredi noir » ou « Black Friday », a été perturbée par les attaques terroristes à Paris et aussi par un malencontreux amalgame avec le « Black Friday » commercial nord-américain exporté sous nos cieux qui donne le coup d’envoi de la période des achats de fin d’années avec une journée de soldes fous ! Le lien entre un monde de la santé envoyé à la casse et un monde marchand qui envoie les prix à la casse n’était pas du meilleur effet…
Il n’empêche que la volonté des politiques entraînés par le lobbying des assureurs à rationaliser les dépenses de santé par le seul paramètre du prix et pire encore, par une normalisation de l’offre tirée vers le bas et un encadrement des professionnels, n’a pas été ébranlée par les manifestations et les grognes. Ainsi, les opticiens mènent des opérations de communication pour dénoncer « l’ingérence, l’intrusion, l’injustice et même l’indifférence » des politiques contre un secteur qui pèse près de 6 milliards d’euros et des milliers d’emplois, rien n’y fait.
Dans un monde médiatique où celui qui parle le plus fort est le seul entendu, la filière optique murmure une cacophonie assez peu audible et à quoi bon ajouter du brouhaha au bruit ambiant. La désunion et le manque de cohésion des divers acteurs n’arrangent pas la clarté du débat : chaque groupuscule y va de son action en solo et parvient avec peine à faire bouger les lignes. Face aux enjeux du futur, —une société vieillissante, une dette insoutenable et une syntaxe sociale et politique délitée —, il est urgent de réformer un système de santé explosif, sans pour autant s’engager dans une lutte binaire entre les tenants d’une nationalisation et les adeptes d’une privatisation. Le choix d’un médecin, d’un dentiste, d’un opticien, d’un kinésithérapeute…, ne doit pas être dicté par une bureaucratie, mais par des patients informés de leurs devoirs et de leurs engagements. L’aspiration d’une société au bien-être passe par une liberté de choix, les professionnels médicaux et paramédicaux doivent communiquer sur cette promesse de solidarité libérale et s’adresser directement à leurs clients en dévoilant en toute transparence le coût des actes qu’ils proposent et qu’ils vendent, en jouant même la carte du comparatif : la santé est aussi une économie comme une autre.
Aujourd’hui, nous sommes dans un paradoxe, l’opinion publique semble soutenir le secteur de la santé et dans le même temps suspecte une « élite » de défendre des positions conservatrices, il est temps de mobiliser cette opinion en défendant une expertise, tout en expliquant avec limpidité et pédagogie les enjeux d’une société en mutation. Ce que les politiques sont bien incapables de faire. La santé appartient à tous, pas à des systèmes aveugles qui se contentent de gérer des déficits et des excès au détriment des patients et des professionnels qui les soignent.