Terra Nova pour "un État sanitaire fort"
Proche du PS, la fondation Terra Nova met, dans un rapport, des propositions sur la table pour faire évoluer, parfois radicalement, le système de santé français vers "un plus haut niveau de prise en charge".
Considéré par beaucoup comme le laboratoire d'idées du PS, le think tank Terra Nova a formulé une trentaine de propositions dont l'AFP a eu la primeur hier, jeudi 25 août. Titré "Réinventons notre système de santé au-delà de l'individualisme et des corporatismes", ce rapport ne manquera pas de faire débat lors de l'université d'été du PS qui va se tenir à La Rochelle, ce week-end. Parmi les grandes orientations formulées, on retiendra d'abord que la fondation semble vouloir tourner la page de la Sécurité sociale telle qu'elle existe aujourd'hui, un système né, rappelons-le, au sortir de la guerre. Cela signifie-t-il la fin du principe de solidarité qui est au coeur d'un tel système ? Doit-on s'attendre à une libéralisation plus grande du domaine de la santé ? Ni l'un ni l'autre. Terra Nova appelle de ses voeux la mise en place "d'un Etat sanitaire fort", c'est-à-dire plus impliqué encore qu'aujourd'hui dans les questions de santé.
"Il ne s’agit pas d’étatiser le système de santé mais de rendre à l’Etat son rôle de coordination et de régulation de l’ensemble des acteurs, y compris en renforçant leur capacité de choix", prend soin de préciser Daniel Benamouzig, président du groupe de travail de Terra Nova sur la santé, en charge du rapport. "Responsable de la protection sociale de l’ensemble des Français, l’Etat doit garantir un haut niveau de prise en charge des soins pour toute la population, à l’instar des niveaux de remboursement pratiqués dans les départements de l’Est de la France. Il doit mettre fin au désengagement de l’assurance maladie en faveur des assurances complémentaires, qui doivent elles-mêmes être régulées par une autorité indépendante garantissant la transparence de ce marché, aujourd’hui singulièrement opaque", poursuit-il .
S'agissant, plus concrètement, du remboursement des soins, le rapport avance deux axes d'évolution possibles : « Une extension de la couverture par la Sécurité Sociale sur le modèle du régime existant en Alsace Moselle (qui rembourse mieux, ndlr), ou une assurance obligatoire complémentaire régulée ». En faisant ainsi évoluer le système actuel vers un plus haut niveau de prise en charge, cela mettrait de facto un terme aux dépassements d'honoraires, qui seraient interdits. Cette assurance complémentaire obligatoire verrait le jour, détaille le rapport, en même temps que la création d'une "autorité indépendante de régulation de l'assurance complémentaire santé" qui redistribuerait les cartes dans le monde des complémentaires (mutuelles, assurances, institutions de prévoyance). Pas sûr que ces dernières, qui sont des soutiens traditionnels de la gauche, se laissent faire.