Sans surprise, le syndicat des ophtalmologistes a vivement réagi au déploiement annoncé, dans le réseau Alain Afflelou, de la téléconsultation. Exaspéré, il monte à nouveau au créneau et espère que le législateur, dans le cadre du PLFSS, clarifiera définitivement la situation.

Si l’enseigne Alain Afflelou n’est pas nommément citée dans le communiqué du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), c’est pourtant bien elle qui est visée aujourd'hui. « Suite au projet, annoncé ces derniers jours par une enseigne d’optique, de déploiement d’une offre de téléconsultation ophtalmologique dans des magasins d’optique, le SNOF alerte sur l’incongruité et la dangerosité de mettre en place dans des structures commerciales de véritables postes d’examen avec du matériel médical », s’inquiète l’organisation professionnelle dont la position sur le sujet est connue. Depuis des années, publiquement ou en coulisses, le syndicat bataille sur ce terrain, ne lâchant rien. Il ne veut pas voir s’implanter des télécabines dans les magasins d’optique, méfiant sur la porosité qui pourrait exister entre vente et prescription.

Réflexe corporatiste, diront certains, à propos de ces contestations systématiques. Le Docteur Thierry Bour, à la tête du SNOF, balaye régulièrement la critique, argumentant cette fois encore, avec le cas Afflelou, sur le thème de la sécurisation du parcours de soins : « Dans l’offre de téléconsultation chez l’opticien, il s’agit très majoritairement d’ophtalmologistes lointains et inconnus du patient, salariés d’une plateforme, sans suivi. Cette offre de "téléconsultation ophtalmologique" en magasin d’optique est affichée comme se déroulant dans un espace dédié et sans obligation d’achat. Mais la communication du dirigeant de l’enseigne appuie fortement sur l’intégration de cette offre de téléconsultation dans le magasin. L’objectif est donc bien de développer le chiffre d’affaires de l’enseigne et d’inciter le client à consommer des équipements optiques, remboursés par ailleurs par l’Assurance Maladie et les complémentaires santé », ferraille M. Bour, pointant les déclarations d’Anthony Afflelou officialisant le déploiement de son dispositif, en début de semaine. 

Et le président de l’instance syndicale d’enfoncer le clou, battant en brèche la communication de l’enseigne : « L’ophtalmologiste qui intervient lors du processus devient de fait un fournisseur d’ordonnances optiques sur incitation de l’opticien auprès de ses clients. Il intervient ainsi dans l’équilibre économique du magasin d’optique et crée une situation de concurrence déloyale vis-à-vis des magasins aux alentours, outre le fait qu’il se trouve en situation de compérage. Dans l’organisation annoncée, le médecin n’est pas en situation de proposer ou de décider de la téléconsultation. Il subit une décision prise en amont entre l’opticien et son client. Or, l’opticien, formé en deux ans par un BTS d’optique-lunetterie et dépourvus de règles professionnelles, n’est pas habilité à proposer de téléconsultation. »

Joint par téléphone cet après-midi, M. Bour, remonté, fait état d’un « vrai ras-le-bol » sur ce dossier. Et d’énumérer, outre le cas Afflelou* actuellement, les situations antérieures de Krys, GrandVision mais aussi Monoprix ou tout récemment Intermarché : « Nous sommes purement et simplement contre le recours à tout dispositif de téléconsultation dans des lieux commerciaux, quels qu’ils soient. Cela fait des années que nous le répétons et que nous avertissons le secteur de l'optique. Maintenant, nous espérons qu’une interdiction totale sera clairement formulée par le législateur. Cela permettrait d’en finir avec les initiatives des uns et des autres ». Le président du SNOF fait ici allusion à un amendement sur ce point dans le cadre de l’examen du PLFSS. « Nous serons bientôt fixés, probablement fin novembre », se projette-t-il, visiblement confiant dans le fait que le Parlement interdira toute forme de téléconsultation en milieu commercial. À suivre, donc.  

* L’enseigne Alain Afflelou, que nous avons sollicitée pour connaître sa réaction à la prise de position du SNOF, n’a pour l’heure pas répondu.

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