"Les opticiens sont des boucs émissaires"
Sur fond de vive polémique entre les acteurs du secteur et ses détracteurs, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, estime que les tarifs pratiqués en magasin doivent être revus à la baisse. "La mise en place des réseaux de soin" lui semble être l'option la plus souhaitable.
"En ce moment, l'optique c'est Règlements de comptes à OK Corral !", nous a confié hier, avec agacement, un responsable syndical, en référence à ce fameux western des années 60. "On nous tire dessus de partout", s'indigne-t-il. De fait, le secteur de l'optique est depuis plusieurs semaines dans le collimateur de nombreux détracteurs. Après Marc Simoncini, le fondateur de Sensee, qui dénonçait il y a peu les "surprofits des opticiens", c'est au tour de l'association UFC-Que Choisir de s'élever dans une enquête contre "le marché juteux de la distribution optique". Du côté de la filière, on réplique comme on peut à ces tirs croisés qui font les choux gras des médias généralistes. Avec des arguments différents, Philippe Peyrard, le directeur général délégué d'Atol, Alain Afflelou ou encore le groupe All réagissent à ce qu'ils estiment être un "matraque médiatique". "Le problème c'est que dans les médias nos arguments sont pratiquement inaudibles, nous a expliqué Eric, un opticien francilien syndiqué et accablé, comme beaucoup de ses confrères, du traitement du sujet qu'il estime être totalement "biaisé" : "Tous les reportages sont toujours à charge et vont toujours dans le même sens : nous serions des voleurs, des profiteurs, etc. Dire en quoi consiste précisément notre marge ou détailler le rôle des mutuelles sont des éléments qui généralement passent à la trappe", considère cet opticien qui s'insurge contre une "campagne médiatique orientée et qui a tout d'une chasse aux sorcières. C'est terrible de constater à quel point les opticiens sont devenus des boucs émissaires."
C'est dans ce climat que certains n'hésitent pas à qualifier de "délétère" que Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a évoqué hier dans l'Hémicycle des "discussions" à venir avec les professionnels de l'optique sur le thème de la tarification des équipements. Elle dit vouloir "faire en sorte que le prix des produits proposés à nos concitoyens soit réduit", a-t-elle déclaré à l'Assemblée nationale lors des réponses aux questions des députés. À cette fin, il s'agirait moins de revoir la "prise en charge collective par l'assurance complémentaire ou par l'assurance maladie du prix des lunettes ou des lentilles de contact", que de revenir sur la formation des prix pratiquées en boutiques. Cette révision de la tarification, Marisol Touraine semble l'envisager à travers "la mise en place des réseaux de soins". Si la ministre de la Santé s'est refusée à plus de commentaires pour le moment, il ne fait pas de doutes que les débats qu'elle prévoit sous peu avec les professionnels de l'optique seront houleux.
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