Le gouvernement publiera sous peu un arrêté obligeant commerces et bureaux à éteindre leurs enseignes lumineuses de 1 h à 6 h du matin. Mais certains veulent un aménagement de cette mesure qui doit prendre effet le 1er juillet prochain.

Publié en janvier un décret cadre, qui vise les "bâtiments non résidentiels" (bureaux, commerces, hôpitaux...), interdit l'éclairage des façades et des vitrines commerciales. Il fait partie d'un ensemble de mesures annoncées en décembre dernier par l'ex-ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet afin de réduire la consommation d'énergie en France. Cette extinction obligatoire des enseignes lumineuses commerciales la nuit devrait permettre, d'après les calculs du ministère, une économie d'électricité équivalente à la consommation annuelle de 260.000 ménages.


Les dispositions concernant l'extinction des enseignes lumineuses ont été "plutôt bien acceptées", selon le ministère, lors des tables-rondes sur l'efficacité énergétique l'an dernier, auxquelles avaient pris part les pouvoirs publics, commerçants, industriels et consommateurs. En revanche, le fait d'interdire l'éclairage nocturne de l'intérieur du magasin, qui permettrait toujours selon les pouvoirs publics, d'économiser l'équivalent de la consommation d'électricité de 700.000 ménages par an, fait l'objet de vives discussions entre le ministère et les professionnels du commerce en vue de la parution de l'arrêté d'application. "Ca peut faire l'objet d'une certaine souplesse dans la mise en oeuvre, rien n'est définitivement arrêté pour le moment", a-t-on précisé au ministère de l'Ecologie.

Cité par l'AFP, Claude Boulle, le président de l'union des commerces de ville (UCV), est de ceux qui espèrent "qu'il y aura certaines dérogations pour certaines zones géographiques ou pour certaines périodes, Noël par exemple". Et de préciser : "On a demandé que cette réglementation, qui s'applique sur tout le territoire, soit modulée et qu'il y ait une marge d'appréciation locale en fonction des événements". Plus offensifs, les patrons des PME (CGPME) ont, quant à eux, dénoncé dans cette mesure l'imposition d'un "véritable couvre-feu". "Ce serait à la fois inapplicable et inacceptable", selon eux, car les Français ne pourraient plus savoir si un établissement est ouvert et rechigneraient à se rendre dans un hôtel, une station-service, ou une clinique dont les abords seraient plongés dans l'obscurité. "Imagine-t-on réellement retirer de l'argent à un distributeur de billets plongé dans le noir ?", interrogent-ils, préférant un abaissement du niveau d'éclairage plutôt qu'une extinction totale. Même son de cloche du côté du Syndicat de l'éclairage qui dénonce lui aussi ce qui "ressemble plus à un couvre-feu qu'à une solution". "Les économies d'énergie les plus importantes sont à réaliser le jour", argumente-t-il. Et le syndicat de citer comme alternatives la mise en place de détecteurs de présence ou encore l'installation de machines faisant varier la lumière en fonction de l'éclairage extérieur.