Des lentilles pour diabétiques : gadget ou bonne idée ?
Des lentilles de contact capables de mesurer le taux de sucre en temps réel des diabétiques ? C'est le projet séduisant quoique encore balbutiant d'une équipe américaine.
Améliorer le quotidien des diabétiques insulinodépendants, c'est le but des travaux d'une équipe américaine de l'université de Washington associée à Microsoft Research. En France, il y aurait un peu moins de 3 millions de diabétiques dont plus de 20 % d'insulinodépendants*, soit 620 000 malades potentiellement ciblés par ce lecteur de glycémie. Car c'est bien de cela qu'il s'agit ici : équipées de minuscules capteurs électroniques, ces lentilles mesureraient le taux de sucre présent dans les larmes et donc dans le sang de ceux qui les portent. En cas de problème, une des puces transmet, soit vers un ordinateur, soit vers un téléphone, un signal au porteur pour l'inciter à procéder à une injection. Pour certains diabétologues, par exemple Patrick Vexiau, en poste à l'hôpital Saint-Louis, ce dispositif n'est pas sans poser questions, notamment pour ce qui est de la précision de la mesure de la glycémie : "il existe souvent un décalage entre le taux de sucre contenu dans un fluide ou un tissu et celui dans le sang. Ce qu'on trouve dans les larmes n'est pas forcément le reflet de ce qui se passe dans le sang", observe-t-il dans les colonnes du Figaro. Autre souci selon lui : l'intolérance massive des diabétique aux lentilles : "Les diabétiques ont généralement les yeux plus secs. En raison d'un taux de sucre plus élevé dans le sang, leurs glandes et notamment leurs glandes lacrymales produisent moins de larmes", fait-il remarquer dans cette même interview au quotidien. Tous ces problèmes ne sont pas insurmontables, affirme l'équipe de chercheurs en charge de ce projet encore balbutiant, mais selon eux tout à fait crédible. De telles lentilles de contact pourraient être mises sur le marché d'ici cinq ans.
* C'est-à-dire ceux dont le niveau de diabète nécessite des injections régulières d'insuline.