Passe-t-on à côté de l’impact des écrans sur la santé visuelle des enfants ?
Dans son par ailleurs excellent article "Enfants : faut-il crever l’écran ?", l’édition de Libération du week-end dernier ne mentionne que furtivement les conséquences sur la vision infantile d’une trop grande exposition aux écrans. C’est un exemple parmi d’autres de l’angle mort que représente la santé visuelle dans la plus vaste problématique de la dépendance aux écrans.
"Enfants : faut-il crever l’écran ?" : c’était la une du quotidien Libération, le week-end dernier. Dans cet article évoquant la dépendance des jeunes générations à tous les écrans, smartphones en premier lieu, il est question des conséquences au quotidien sur le langage, le sommeil, la concentration notamment. L’article aurait pu être vraiment complet s’il avait aussi traité l’impact sur la vision. Cet aspect sera à peine abordé à travers une furtive mention de l'explosion des myopies chez les jeunes. Même dans les pourtant très judicieuses dix recommandations que le journal récapitule en fin d’article pour mieux cadrer l’usage des écrans, le soin de son capital visuel n'est pas pris en compte...
La mise-de-côté de la question visuelle dans cet article de Libé est un peu regrettable mais loin d’être isolée. À bien y réfléchir, elle est finalement assez significative d’une chose : du point de vue sociétal, aussi surprenant que cela puisse paraître, la vision reste pour le moment l’angle mort de la problématique de la dépendance aux écrans. L'exposition des jeunes aux smartphones, jeux vidéos, séries et compagnie est devenue un vrai problème de santé publique. À tel point que le président de la République lui-même, lors de sa grande conférence de presse mi-janvier, a abordé longuement le sujet. Et, dans la foulée, créé une commission scientifique réunissant dix experts issus d’horizons différents pour mesurer l'impact réel du" trop d’écrans" sur la santé des enfants. Dans ce groupe, il y a bien des représentants de l’univers médical - des addictologues, des spécialistes des sciences cognitives et de la psychologie - mais pas de spécialistes de la vision. Ce qui peut étonner à l’heure où l’on ne cesse, ici et là, de constater une "épidémie" de myopie au sein des jeunes générations. La sur-sollicitation de la vision de près n'est évidemment pas pour rien dans ce phénomène…
L’Asnav, avec laquelle nous avons échangé sur ce sujet en marge d’un récent point-presse, regrette cette absence de prise en considération de la santé visuelle par les pouvoirs publics alors que la prévalence de la myopie et le recours massif aux écrans sont de toute évidence corrélés. Pas sûr, donc, que le rapport à venir (probablement fin mars-début avril) de la dite "Commission Écrans" intègre dans ses préconisations des conseils d’ordre visuel… Bref, à défaut, pour l’heure, d’une sérieuse prise de conscience de cette dimension en haut lieu, les opticiens, sur le terrain, n’ont-ils pas vocation, eux, à attirer l’attention des parents ? Sans doute sont-ils les professionnels de santé les mieux placés pour aborder le sujet, suggérer les bonnes pratiques et faire, tout simplement, de la prévention.
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