Ocam : "Il est suicidaire de dépendre uniquement des réseaux fermés"
Réunissant notamment les directions de Carte blanche et OpticLibre, le verrier Zeiss a pris l'initiative d'une table-ronde qui a eu lieu, hier soir à Paris, sur le thème des Ocam.
"Je me présente sans crainte devant vous", lance gaillardement Jean-François Tripodi, directeur général du réseau Carte blanche à la soixantaine de personnes présentes dans un des salons de l'Aveyron, un auditoire pour l'essentiel constitué d'opticiens. Façon de reconnaître, par ces mots d'ouverture, qu'il sait très bien que les relations entre Ocam et opticiens sont pour le moins tendues. En répondant à l'invitation de Zeiss, à l'origine de cette soirée-débat, M. Tripodi a voulu rappeler la vocation d'un réseau comme le sien : "il s'agit avant tout pour nous d'oeuvrer à des rapports équilibrés entre tous les acteurs concernés. A travers notre réseau, assurés, assureurs et professionnels de santé doivent s'y retrouver". Et pour cela, tout le monde doit être "raisonnable" dans ses attentes. Manière de dire, en clair, que les opticiens partenaires comme les organismes assureurs ne doivent pas être trop gourmands. À ses yeux, un réseau, qu'il souhaite d'ailleurs le plus ouvert possible, a notamment une fonction de régulation pour éviter d'éventuels abus. Et il rejette fermement deux idées qu'on lui oppose souvent : d'abord que les grilles tarifaires seraient trop contraignantes, ensuite que le catalogue produit serait obsolète : "Pour les verres, notre catalogue compte plus de 45 000 références et nous intégrons les nouveautés produits tous les deux mois", a-t-il tenu à préciser.
Prenant la parole à son tour, Jean-Luc Selignan, qui préside la centrale OpticLibre, a fait valoir son point de vue sur la nature des relations que les opticiens doivent entretenir avec les Ocam. Ni pour ni contre les réseaux a priori, il lui semble nécessaire que chacun fasse preuve de réalisme : "c'est le pragmatisme qui doit guider les choix de l'opticien". Il est partisan d'une collaboration avec les Ocam mais sous condition : "Il faut être dans un rapport gagnant-gagnant avec les complémentaires-santé et non dans une relation subie". Autrement dit, c'est à chaque fois une affaire de cas par cas : "Tel opticien peut avoir intérêt à rejoindre un réseau, tel autre non", estime M. Selignan qui souligne au passage qu'une centrale d'achats doit justement avoir un rôle de conseil dans la prise de décision de ses adhérents. Et de poursuivre son raisonnement en faisant une comparaison pour le moins osée : selon qu'ils sont fermés ou ouverts, les réseaux pourraient selon lui se comparer à "l'usage de drogues dures ou douces". Il voulait marquer les esprits avec cette image et manifestement c'est réussi à entendre les murmures qui traversent l'auditoire. Par cette comparaison, M. Selignan semble vouloir attirer l'attention des opticiens sur la notion de dépendance financière, dangeureuse selon lui : "Il est suicidaire pour un opticien de réaliser exclusivement son chiffre d'affaires grâce aux flux générés par un ou des réseaux fermés". S'il laisse à chaque opticien le soin de prendre sa décision en toute connaissance de cause, le pdg d'OpticLibre met cependant en garde: "Plus grande est l'addiction, plus dur est le sevrage".
Photo, de gauche à droite : Messieurs Tripodi (Carte Blanche), Selignan (OpticLibre), Le Fur (60 Millions de consommateurs) et Sériès (Zeiss).