Les opticiens face aux violences urbaines : « Le vandalisme, c’est ça le pire »
Venus d'un peu partout en France, de nouveaux récits témoignent de l’extrême violence des dégradations subies par des dizaines d'opticiens lors des dernières nuits d’émeutes, en réaction à l’affaire de Nanterre.
Depuis ce matin, nous avons recueilli de nouveaux témoignages des pillages et saccages dont des dizaines de commerces d’optique ont été la cible ces dernières nuits. Si, comme indiqué dans notre précédente news, la région parisienne a été massivement touchée, des récits et éléments nous sont aussi parvenus d’Amiens, Besançon, Bordeaux, Lyon, du Mans ou encore de Nancy et Nantes. Tous font état du degré élevé de violence dans l’atteinte aux biens. « Qu’on nous vole toutes nos lunettes, c’est déjà une chose terrible. Mais qu’on saccage à ce point tout le reste… Le mobilier, les ordinateurs, l’équipement de l’atelier, c’est de l’acharnement. Le vandalisme, c’est ça le pire. C’est presque comme si on voulait nous punir de quelque chose. C’est incompréhensible », témoigne un opticien nordiste au sortir de plusieurs heures d’attente au commissariat, résumant l’état de sidération et de colère mêlées dans lequel se trouvent, sous le choc comme lui, ses confrères et consoeurs dans ces circonstances.
Beaucoup de nos interlocuteurs parlent de magasins « dévastés », « dévalisés ». À Vitry-sur-Seine ou encore Nancy, certains points de vente ont même été incendiés. « On croirait des scènes de guerre », n’hésite pas à dire un salarié, déplorant les linéaires arrachés et le mobilier éventré ou calciné. Sollicités dans l'urgence, des agenceurs qui interviennent régulièrement dans les commerces d’optique confirment eux aussi la lourdeur des dégâts occasionnés sur l’aménagement ; plus que la valeur, parfois, de la marchandise volée. L’un d’eux se désole même de la situation d’un magasin qu’il faudra entièrement refaire alors qu’il avait été rénové quelques semaines plus tôt… D’autres opticiens victimes des émeutes s’interrogent, eux, sur l’orchestration des événements, évoquant des émeutiers souvent très outillés pour passer à l’acte, ce qui laisserait supposer sinon une préparation concertée en amont, du moins un repérage. D’où les appels à la vigilance qui se multiplient sur les réseaux sociaux, WhatsApp notamment, pour sécuriser au maximum les boutiques.
Plus étonnant, le fait que certaines villes qui ne sont pourtant pas du tout situées dans des zones sensibles, comme on dit pudiquement, aient également été le théâtre de coups de force, notamment dans le 78. « Des incidents sont aussi à déplorer dans des villes résidentielles peu coutumières de ce genre d’éruptions », nous confie un représentant qui tourne dans l’ouest de la Grande couronne francilienne, en contact avec certains de ses clients touchés par ce qu’il qualifie de « véritables raids ». Passé l’hébétement et malgré la colère, les opticiens frappés de plein fouet par les violences urbaines n’entendent toutefois pas se laisser abattre. Si le poids des formalités (porter plainte, activer les assurances, suspendre les livraisons des fournisseurs…) les occupe évidemment beaucoup, la plupart disent vouloir rouvrir au plus tôt. Accompagnés par la tête de réseau de leur enseigne ou leur centrale, selon qu’ils sont dans un groupement national ou indépendant, les uns et les autres entendent remettre au plus vite en état leur magasin, reconstituer leurs stocks et accueillir à nouveau la clientèle. Même si le retour au calme semble encore loin : les autorités, à tous les échelons, notamment préfectoral, redoutent en effet de nouveaux débordements ces prochains jours…
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