Les ophtalmos "overbookés" jusqu'en 2025
C'est ce qu'annonce la Snof, non sans humour, dans une campagne d'affichage qui vise à interpeller l'opinion sur les délais d'attente à rallonge.
Cette semaine, les ophtalmologistes reçoivent une affiche au ton franchement humoristique pour sensibiliser les patients à la question de l'engorgement des cabinets. Elle prend la forme d'un dessin mettant en scène un patient qui interroge une voyante pour savoir quand il pourra consulter son ophtalmo. Penchée sur sa boule de cristal, celle-ci lui répond, catégorique : "Je ne vois rien avant 2025". En dessous, on peut lire ce message d'explication : « 1 ophtalmologiste sur 2 partant à la retraite n'est pas remplacé ».
« La situation est telle que n'avons plus la possibilité de répondre à la demande. Les patients ne comprennent pas pourquoi nous mettons parfois 6 mois voire 1 an à les recevoir. Il est temps de provoquer la discussion avec eux, de leur montrer que nous sommes de leur côté et que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire changer la politique actuelle. Au rythme actuel, la population d'ophtalmologistes aura chuté de 40% en 2025, passant de 5500 à 3300 praticiens, alors même que les besoins vont exploser », alerte le Dr Rottier, président du Snof, à l'origine de ce visuel.
Pour réduire les délais d'attente, le syndicat continue de se reposer sur les orthoptistes. "Une aberration", ne cesse de dire Frédéric Verplaeste, au nom de l'Association des Optométristes de France. "Un mauvais choix", considère, plus mesurée, l'Union des Opticiens que dirige M. Saulnier. Ces deux organismes estiment en effet que les ophtalmologistes pourraient aussi s'appuyer sur les opticiens-optométristes pour raccourcir les délais d'attente et "combler les déserts médicaux oculaires". Ce scénario, le Snof ne l'envisage pas et privilégie un système de coopération permettant "aux orthoptistes d'épauler les ophtalmologistes dans la prise en charge de certains actes, et d'accueillir en moyenne 30% de patients supplémentaires ». Enfin, il réclame aux pouvoirs publics de « doubler les flux de formation en ophtalmologie, en faisant passer le quota d'internes en médecine formés à l'ophtalmologie de 1,5 % à 3 % / an ». Pour soutenir leur ophtalmo dans cette demande, la Snof annonce qu'une pétition est mise à disposition de la patientèle.