Les dessous du tiers-payant
Pour le client, le tiers-payant est indiscutablement un plus. Mais qu'en est-il du côté de l'opticien ? Une enquête commandée par la CDO se penche sur la question.
Centrale des Opticiens oblige, l'enquête menée par le cabinet Gallileo Business Consulting ne concerne que les indépendants. Plus de 600 d'entre eux ont été sondés à cette occasion. Premier enseignement à tirer : 93 % des opticiens sollicités ont instauré le tiers-payant, mais avec un degré d'adhésion variable. 2/3 d'entre eux proposent systématiquement à leurs clients d'en bénéficier. Le dernier tiers, lui, montre plus de réticences et c'est sur demande du consommateur uniquement ou alors si la vente risque de lui échapper qu'il le propose. Quant aux 7 % d'opticiens qui sont réfractaires à la mise en place du tiers-payant, la plupart ont bien conscience de perdre des clients (jusqu'à 6 par mois), mais assument tout de même ce choix. Ils motivent leur refus en invoquant principalement des lourdeurs administratives et, accessoirement, une volonté de préserver leur autonomie vis-à-vis des complémentaires. Il est vrai qu'en termes de gestion des dossiers, la mise en place du tiers-payant n'est pas anecdotique. L'étude indique ainsi que les opticiens le pratiquant y consacrent en moyenne 6 heures par semaine. Chez certains, ce chiffre peut même monter jusqu'à 10 heures, ce qui n'est pas rien.
En ce qui concerne maintenant le délai moyen de remboursement d'un opticien par les complémentaires et mutuelles, il s'élève à un peu plus de 3 semaines. Là encore c'est une moyenne, les remboursements les plus rapides s'effectuant en moins de deux semaines et les plus longs en un peu plus de 5 semaines. Gallileo estime, après audit détaillé des dossiers de tiers-payant d'une dizaine d'opticiens de la CDO, que l'effort de trésorerie induit par le tiers-payant tourne autour des 3 % du CA.
Dernier constat établi par l'enquête : une différence de plus de 15% de CA existe entre les opticiens pratiquant le tiers-payant et ceux ne le pratiquant pas. De là à voir un lien de cause à effet entre niveau du CA et tiers-payant, il y a un pas que ne franchissent ni Maher Kassab, PDG de Gallileo, ni Fabrice Masson, directeur de la CDO. Pour eux, le tiers-payant n'est qu'une variable d'ajustement parmi d'autres du CA des magasins, rien de plus.