Hausse des cotisations : "pas le choix" selon la Mutualité, "pas acceptable" selon le ministère
La Mutualité Française prévoit en 2024 une hausse de plus de 8 % du niveau des cotisations. « Nous n’avons pas le choix », assure Éric Chenut, son président. Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, n'est pas d'accord, lui, avec l'ampleur de la hausse annoncée.
« Si nous augmentons les tarifs des mutuelles, c’est que nous n’avons pas le choix pour continuer à couvrir les dépenses de santé de nos adhérents en garantissant un reste-à-charge le plus faible d’Europe. Par ailleurs, les mutuelles ne peuvent générer des déficits continus et elles ne le souhaitent pas ! Nous refusons catégoriquement que le risque santé assuré par les mutuelles se finance sur les générations futures », a déclaré Éric Chenut, le président de la Mutualité Française, commentant la hausse annoncée des cotisations en 2024. Selon une enquête de la fédération qui porte sur 38 des quelque 500 mutuelles qu’elle représente, les cotisations augmenteront l’année prochaine en moyenne de 8,1 %. Dans le détail, les contrats individuels, souscrits en majorité par les personnes âgées, les jeunes, les agents publics et les professionnels indépendants, verront leurs cotisations grimper en moyenne de 7,3 %. Du côté des cotisations des contrats collectifs obligatoires, l’augmentation approchera les 10 % et celle des contrats collectifs facultatifs de 7,7 %.
La Mutualité Française, par la voix de M. Chenut, justifie cette majoration des tarifs du fait d’une hausse marquée des dépenses de santé. « Sur les 8 premiers mois de l’année 2023, les prestations versées par les mutuelles ont augmenté de +6 % par rapport à la même période l’année précédente, soit nettement plus que l’augmentation qui était estimée », tient à souligner la fédération mutualiste qui verra par ailleurs ses charges diverses et variées s’alourdir l’an prochain : « qu’il s’agisse de la nécessaire augmentation des rémunérations des professionnels de santé ou encore du transfert de dépenses en dentaire se manifestant par la prise en charge à hauteur de 40 % des soins dentaires depuis début novembre ». Bref, entre les plus lourdes dépenses de l’année en cours et celles, nouvelles, de l’année à venir, la Mutualité se dit « obligée » de revoir à la hausse les cotisations. Sans cela, impossible d’« absorber ces dépenses » et « d’assurer un équilibre financier ».
Ces cotisations, justement, comment se ventilent-elles ? Toujours selon la fédération qui en donne la répartition, 81 % du montant des cotisations sont affectées à la couverture des prestations santé des adhérents. Les 19 % restants, identifiés comme des “frais de gestion”, financent des services que la Mutualité juge très concrets et nécessaires, citant les accueils physiques sur tout le territoire et plateformes téléphoniques « pour assurer une relation au plus proche avec les assurés », les dépenses de prévention et d’action sociale, les plateformes de téléconsultation, les systèmes d'information pour le tiers-payant, les réseaux conventionnés (dont l’optique évidemment), entre autres choses.
Aurélien Rousseau (photo), le ministre de la santé, ne voit pas d’un bon oeil cette hausse programmée. Invité récemment de l’émission "Dimanche en politique", il a déclaré que les mutuelles et autres Ocam « ne peuvent pas aujourd’hui faire du patient la variable d’ajustement de leur modèle économique. Je ne pense pas qu’il soit acceptable, pour tous les organismes complémentaires, d’avoir des augmentations de plus de 8 %. Ça n’est pas possible. » Ce n’est pas tant une revalorisation des tarifs qu’il conteste que leur ampleur : « Avec l’inflation, avec une partie des nouvelles charges qu’on leur a demandé de prendre, une augmentation de 4 à 5 % serait logique. 8 % ça n’a pas de sens et 10 % a fortiori. Il ne faut pas que ça fasse perdre du pouvoir d’achat aux gens, c’est ça le sujet. »
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