Questionné à l'Assemblée nationale sur une éventuelle future reconnaissance de la profession d’optométriste en France, le gouvernement réaffirme son opposition à cette perspective avec des arguments attendus et d’autres, qui sont un peu périmés.

La scène se passe mardi 30 janvier dans un hémicycle quasi vide. Députée Modem de Savoie, Marina Ferrari interroge le gouvernement sur l’éventualité d’une reconnaissance de l’optométrie en France pour mieux fluidifier l’accès aux soins visuels. Elle fait valoir qu’ils sont titulaires d’un diplôme de niveau master 2 et qu’il s’agit d’une « profession-clé dans la filière visuelle », notamment du fait de leur exercice grandissant au sein des cabinets d’ophtalmologie. C’est Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, qui a répondu à l’élue savoyarde en lisant une fiche rédigée par le ministère de la Santé.

Sans surprise, car les gouvernements successifs n’ont guère varié sur le sujet depuis des années, l’intéressée rejette cette perspective. Ce n’est pas une option envisageable, le gouvernement préférant continuer à miser sur l’ouverture de postes en ophtalmologie, le travail aidé à travers l’articulation médecins-orthoptistes et aussi la montée en compétences des opticiens. De plus, le gouvernement considère qu’« ajouter une nouvelle profession pourrait perdre le patient dans le parcours de soins visuels et complexifierait l’organisation des acteurs sans améliorer significativement la prise en charge des patients », a fait valoir la porte-parole. Des éléments de réponse relativement attendus, donc. Plus étonnante est la position du gouvernement sur le sujet de la prescription-vente : « L’optométrie se présente comme une profession hybride de soignant-vendeur, comportant – potentiellement – des risques de dérives majeurs», a déclaré la porte-voix du ministère de la Santé pour l’occasion.

« Nous sommes surpris par la réponse du gouvernement », nous a confié jeudi dernier Thibaud Thaëron, nouvellement arrivé à la tête de l’Association des Optométristes de France. Et le président fraîchement élu de rappeler que les optométristes « jouent déjà un rôle essentiel dans l’ensemble de la filière visuelle ». « Nous portons aujourd’hui le souhait de voir évoluer les champs de compétences et les lieux d’exercice des opticiens, afin de permettre aux optométristes de pouvoir pratiquer en cabinet au niveau de ce qui leur est demandé », nous a déclaré Thibaud Thaëron, réitérant ainsi des propos tenus lors de notre interview au récent congrès de l’optométrie et de la contactologie. Depuis les mandats de son prédécesseur Yannick Dyant, l’organisation essaie en effet d'aboutir à une normalisation de la situation des optométristes en cabinet médical. « Pour ce qui concerne la prescription-vente, depuis plus de dix ans ce sujet n’est plus porté par l’AOF », souligne enfin le président de l'organisation, sans ironiser sur la péremption de l'argument. Pas actualisées, les fiches de Prisca Thevenot ? La parlementaire Marina Ferrari, en tout cas, a dit vouloir revenir sur cette problématique de l’optométrie.

Ci-dessus : Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, répondant à une question de la députée de Savoie Marina Ferrari, le 30 janvier.

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