La perspective, évoquée par le ministère de la Santé, de voir s’étendre le périmètre du 100 % Santé, n’est pas pertinente, selon l’Association des Plateformes de Santé. Qui argumente chiffres à l’appui.

Apparemment, le ministre de la Santé François Braun n’exclut pas d’étendre le périmètre du 100 % Santé en optique pour rendre l’offre plus attractive. L’Association des Plateformes de Santé (qui regroupe les cinq réseaux de soins Carte Blanche, Itelis, Kalixia, Santéclair et Sévéane*) ne voit pas cette perspective d’un bon oeil. « La volonté du ministre d’étendre le périmètre du 100 % Santé vient du fait qu’il est peu utilisé dans le secteur optique. L’analyse qui découle souvent de ce constat repose sur des présupposés erronés : les opticiens ne joueraient pas le jeu ou les équipements proposés dans cette catégorie ne seraient pas assez innovants pour être attractifs », commente l’association qui, elle, voit les choses autrement : « Le 100 % Santé n’est pas beaucoup utilisé en optique parce qu’il ne correspond pas à un réel besoin des populations. C’est ce que nous avions expliqué au moment de la conception de la réforme et c’est qui se vérifie encore aujourd’hui dans les chiffres ».

Parmi les données qu’ils mettent en avant pour étayer leur point de vue, les réseaux de soins font état de la nature de leurs ventes. « Lorsqu’ils se rendent dans un réseau, les Français sont 5 % à choisir les verres 100 % Santé garantis par la loi sans reste-à-charge, 50 % à préférer les verres du panier libre, tout en ne réglant aucun reste-à-charge (les tarifs étant alors encadrés par les réseaux), 45 % à choisir des verres du panier B avec un reste-à-charge souvent faible compte tenu de la négociation tarifaire apportée par les réseaux. » Bref, une façon de dire qu’une hypothétique extension du périmètre du 100 % Santé ne serait pas pertinente. Pas pertinente mais également inquiétante, avance par ailleurs l’APFS :  « Si les cartes de la complémentarité des Ocam et des plateformes de santé avec le régime obligatoire devaient être rebattues, cela pourrait être à l’origine d’une dégradation de toute la filière, étouffant toute capacité d’innovation et prenant le risque de réduire la qualité des soins. » Difficile de savoir, pour l’heure, si le ministère, qui organise actuellement une concertation sur le sujet avec la filière, est sensible à cette façon de voir...

* 55 millions de bénéficiaires à eux cinq.

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