Et si Luxottica rachetait une enseigne française ?
En prenant une participation importante dans l'enseigne de son compatriote Salmoiraghi e Vigano, le géant italien montre ses ambitions en matière de distribution de détail en Europe. Après l'Italie, bientôt la France ?
Ces dernières semaines, des rumeurs circulaient sur un possible rachat de l'enseigne italienne Salmoiraghi e Vigano par Luxottica. Et bien ce ne sont plus des rumeurs. Le leader mondial de l'optique-lunetterie prend une participation à hauteur de 36 % dans le réseau de son compatriote, déboursant quelque 45 millions d'euros dans la transaction. Rappelons qu'à l'heure actuelle, l'actionnaire majoritaire de ce réseau d'opticiens transalpins n'est autre que Dino Tabacchi, qui s'est mis en retrait des affaires opérationnelles de Safilo, l'entreprise familiale, en 2001. Si l'on en croit la presse italienne, la participation de Luxottica pourrait à l'avenir monter jusqu'à 80 %, mais pas au-delà, est-il stipulé dans l'accord. Et toujours d'après les journaux transalpins, l'offre de Luxottica a été préférée à celles d'Alain Afflelou, de la société allemande Fielmann et de de Rigo, tous trois étant également sur les rangs pour prendre des parts dans cette enseigne aux 500 points de vente qui a réalisé autour de 170 millions de chiffre d'affaires en 2011.
En bouclant cette entrée au capital de Salmoiraghi, Luxottica est à un tournant de sa politique de développement. Jusqu'à présent, le groupe ciblait ses acquisitions à l'étranger en rachetant des chaînes de distribution en Amérique, en Australie ou en Israël, comme on a pu le voir dernièrement avec l'absorption d'Erroca. Mais c'est la première fois que "Luxo" prend pied dans la distribution en Europe. Aujourd'hui c'est en Italie, demain ce sera en France ? "Le scénario n'est pas à exclure, confie un spécialiste du secteur sous couvert d'anonymat. À travers ce rachat, le groupe italien semble avoir la vente de détail européenne en ligne de mire. S'agissant d'une éventuelle opération en France, encore faudrait-il qu'un réseau soit à vendre, ce qui, en l'état actuel des choses, ne paraît pas être le cas". De fait, c'est moins vers les enseignes françaises que Luxottica lorgne pour l'instant mais plutôt sur certains acteurs du marché allemand. La presse italienne voit ainsi en Fielmann, l'entreprise allemande, une possible "proie" du géant italien.