Dépassements d'honoraires : des "tarifs indécents"
Pointés du doigt par le magazine « 60 millions de consommateurs », les abus de dépassements d'honoraires pratiqués par certains médecins, notamment dans les hôpitaux, font plus que jamais polémique.
L'enquête très fouillée publiée mercredi par le mensuel 60 millions de consommateurs, montrant que des praticiens de l'hôpital public réclament parfois des « tarifs indécents » dans le cadre de leur activité libérale (jusqu'à dix fois le tarif Sécu), met à jour des situations de dérives dans certaines régions, en Ile de France typiquement. C'est au sein de la quarantaine d'établissements de l'Assistance publique (AP-HP) franciliens que sont constatées quelques-unes des plus fortes dérives en matière de dépassement d'honoraires. L'exemple de l'opération de la cataracte est particulièrement parlant, puisque d'un établissement à l'autre les prix peuvent quasiment doubler. Dans le détail, ce type d'intervention est facturé autour de 800 euros à Bichat et un peu moins de 1 500 euros à l'Hôtel-Dieu. Cette tarification pour ainsi dire élastique suscite d'autant plus de réactions que dans les cliniques, donc dans le privé, les tarifs ne dépassent pas 780 euros. Dans un communiqué, la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les établissements publics, « condamne fermement les excès révélés » mais ajoute : « Si ces abus sont inacceptables la FHF tient à rappeler qu'ils ne concernent que quelques individus très minoritaires et non une profession dans son ensemble ». Même son de cloche chez Mireille Faugère, la directrice générale de l'AP-HP : "J'ai bien conscience qu'il y a des abus et j'ai le souci, pour la réputation de l'AP-HP, du respect du tact et de la mesure par ses professionnels. Malheureusement, je n'ai pas d'appréciations à porter en tant que directeur, cela relève du Conseil de l'Ordre". En effet il existe bien au sein de l'institution une commission centrale de l'activité libérale qui centralise les réclamations des patients sur ce sujet. Mais leurs doléances n'ont donné lieu, en 2011, qu'au signalement d'un seul et unique cas d'excès tarifaire, alors que les données de l'Assurance Maladie montraient dans le même temps que, dans certaines spécialités, les dépassements d'honoraires conséquents sont généralisés.