Entre le franc fort et le déremboursement effectif des lunettes dans leur pays, un nombre grandissant de Suisses semblent faire leurs emplettes dans l'Hexagone.

Depuis l'entrée en vigueur, en début d'année, du déremboursement des équipements optiques, les Suisses boudent leurs opticiens. "Le marché est beaucoup moins porteur qu'il ne l'était auparavant même si, en fin d'année dernière, beaucoup de gens se sont précipités en boutique pour bénéficier des ultimes remboursements", constate un opticien genevois. Et voilà que ces derniers mois la baisse de l'euro a mis en évidence, en plus, de nettes différences de prix entre nos voisins et nous. Cette faiblesse de l'euro pousse certains Suisses résidant à proximité de la frontière à faire leurs achats chez nos opticiens. Selon une estimation des douanes genevoises, les Helvètes sont ainsi 20 % de plus qu'en 2010 à passer la frontière pour faire leurs courses alimentaires. Ce qui est vrai pour l'alimentation l'est aussi, quoique dans une moindre mesure, pour l'optique. Du côté français, plusieurs opticiens nous ont confirmé ce qu'on appelle, dans le jargon économique, "des migrations de consommation". Côté Suisse on ne peut que constater aussi cette "fuite" vers l'Hexagone. Un réseau comme Visilab, enseigne leader en Suisse avec quelque 80 points de vente, a vu ses ventes reculer de 7 % sur le 1er semestre 2011. Daniel Mori, à la tête de Visilab, déplore "les effets monétaires de plus en plus destructeurs sur le marché domestique". En attendant un retour à la normal de l'équilibre monétaire, certains opticiens suisses mettent en place des ristournes, opérations de promotion et autres rabais pour contenir cette migration transfrontalière. Reste à savoir si cela sera suffisant.