Alors que le congrès de la Fédération nationale des opticiens de France se profile (les 4 et 5 juin à Biarritz), la presse professionnelle a pu longuement échanger avec son président, Hugues Verdier-Davioud. L’occasion de balayer bien des sujets.

Son congrès en vue - il se tiendra les 4 et 5 juin à Biarritz -*, la Fédération nationale des Opticiens de France a reçu dernièrement la presse professionnelle pour détailler sa feuille de route et aborder divers sujets d’actualité. Prenant le relais d’Alain Gerbel, Hugues Verdier-Davioud (photo) a entamé son premier mandat dans un esprit qu’il veut combatif mais aussi et surtout constructif : « Défendre la profession, c’est une chose, mais il faut aussi être force de proposition, apporter des solutions concrètes et pertinentes », revendique-t-il, soucieux de faire positivement évoluer la profession et de sécuriser son avenir. Au centre de bien des débats en ce moment, dans les instances syndicales comme sur le terrain, il y a d’abord la question de l’attractivité du métier. Retravailler la grille des salaires avec des échelons intermédiaires pour faciliter la progression des collaborateurs, mettre en avant la VAE ou encore promouvoir la profession d’opticien dans les conventions de métiers et les salons de l’emploi… autant de chantiers sur lesquels il planche. Avec une conviction affichée : « On ne pourra attirer et former de nouvelles recrues qu’en valorisant toutes les dimensions de notre métier, et notamment l’aspect santé ».

Comme son prédécesseur à la tête de la FNOF, Hugues Verdier-Davioud entend oeuvrer à la reconnaissance du statut d’opticien de santé. Il voudrait que l’opticien soit mieux reconnu par les pouvoirs publics et que, ce faisant, son rôle de paramédical soit renforcé : « Le maillage territorial, c’est vraiment notre atout majeur. À ceux qui nous reprochent d’être trop nombreux, je dis, au contraire, appuyez-vous sur nous. À l’heure des déserts médicaux, les décideurs publics doivent voir en nous, dans l’opticien de santé, un maillon essentiel, un recours. La profession, par sa densité, constitue une solution évidente pour faciliter l’accès aux soins visuels ». Le porte-voix du syndicat aspire aussi, et c’est évidemment lié à l’objectif de reconnaissance du rôle de l’opticien de santé, à sa pleine autonomie. « L’autonomie passe d’abord par la valorisation de la prestation », martèle-t-il. Et d’ajouter : « Il faut en finir avec la gratuité historique de certaines de nos prestations. Les autres professions paramédicales travaillent-elles gratuitement ? Non, évidemment. La qualité a un coût », insiste-t-il évoquant notamment la réfraction ou l’adaptation en contactologie.

Abordant la question de la protection des données de santé, combat historique de la FNOF, Hugues Verdier-Davioud maintient le cap de son prédécesseur : « Je veux que l’opticien exerce dans un cadre légal totalement sécurisé ». Très technique, ce dossier est sur le haut de la pile. Et pour cause : le syndicat va proposer aux acteurs et décideurs de la filière sa propre solution de blockchain, en espérant que celle-ci sera bien accueillie. Car d’autres projets de blockchain ont précédemment été dans les tuyaux, à l’échelle de la filière (syndicats et industriels mêlés), et n’ont pas vu le jour, inexplicablement, alors qu’ils semblaient proches d’aboutir. « En matière de données de santé, on se doit à la fois de protéger les opticiens et d’avoir une approche collective, une vision de filière. Notre proposition répond à ce double objectif. »

Questionné sur l’arrivée de nouvelles technologies sur le marché, à commencer par les dispositifs de téléconsultation, le président de la FNOF ne mâche pas ses mots : « L’opticien qui ne serait qu’un presse-bouton ne sert à rien. Être toute la journée derrière un écran, ce n’est pas la conception que j’ai du métier. » S’il n’est pas, par principe, hostile à la téléconsultation, il considère qu’il ne faut pas transiger sur l’encadrement des dispositifs : « Il y a des règles strictes à respecter, et il doit y en avoir de plus contraignantes, sans quoi ça deviendra du grand n’importe quoi, et tout le monde en pâtira, les usagers comme les opérateurs. L’anarchie en la matière ne peut profiter à personne. » Et de faire remarquer que s’il y a une telle « frénésie » autour de la téléconsultation, c’est, selon lui, parce que l’accès aux soins en santé visuelle reste problématique : « Ne croyez-vous pas que l’engouement pour la téléconsultation cesserait aussitôt si l’accès aux soins était concrètement plus simplifié, notamment en accordant aux opticiens plus de prérogatives ? » Pour le syndicaliste, la réponse est évidemment dans la question.

* Le programme détaillé est consultable sur le site du syndicat. Le bulletin d'inscription est également disponible en ligne.

 

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