Achats de lunettes : les pouvoirs publics seront-ils sensibles à cette étude ?
Une enquête réalisée par Gallileo Business Consulting pour le Rassemblement des Opticiens de France fait le point sur les ressorts réels des comportements d’achat en optique correctrice. Pour le syndicat c'est une façon d’alimenter le débat, alors qu’une pression médiatique et politique grandissante pèse sur le secteur.
Les pouvoirs publics seront-ils réceptifs aux chiffres et aux enseignements d’une étude que le cabinet Gallileo vient de réaliser, missionné par le Rassemblement des Opticiens de France (ROF) ? En interrogeant plus de 3 000 porteurs*, cette enquête tout simplement intitulée "Les Français et l'optique" entend apporter des données factuelles sur les comportements d’achat en optique correctrice des Français. Dans un contexte que le syndicat estime tendu - scénario d’un espacement des remboursements qui pourrait passer de deux à trois ans, interdiction envisagée de la publicité sur les dispositifs optiques, etc. -, ce sondage vise à montrer, faits à l’appui, que « l’optique n’est pas un marché d’impulsion, mais bien un marché de santé », comme l’explique Jean-François Porte, le président de l’organisation professionnelle. L’étude de Gallileo indique ainsi que plus de 90 % des répondants se disent guidés par des considérations médicales au moment de se rééquiper : « C’est l’impression de moins bien voir qui dicte le renouvellement de leurs lunettes, constate Maher Kassab, à la tête du cabinet d’études. C’est d’abord parce que leur vue évolue et non pour des raisons esthétiques que les porteurs veulent changer de lunettes. Moins d’un sondé sur quatre cite des motifs liés à l’esthétique, à l’opportunité économique ou aux influences publicitaires et promotionnelles ».
Il faut donc comprendre ici que les besoins visuels priment sans conteste tout autre critère. « L’optique médicale est bel et bien un marché de prescription et pas un marché de consommation plaisir comme certains le pensent à tort », insiste encore Jean-François Porte, par allusion transparente, par exemple, aux déclarations régulières de la Mutualité Française qui ne veut plus « solvabiliser un accessoire de mode ». Dans le cas précis de la publicité, on peut se poser la question suivante : si elle n’a pas un rôle incitatif, alors à quoi sert-elle finalement ? La perception que les Français en ont apparemment, et dont l’étude Gallileo se fait l’écho, c’est plutôt une fonction de benchmarking, disons, et de prévention. « Deux consommateurs sur trois estiment que la publicité et la communication des opticiens est très ou assez utile pour ‘les informer sur l’importance d’un bon suivi de leur santé visuelle’, ‘mieux connaître les offres disponibles sur le marché’, ‘leur rappeler de faire vérifier leur vue régulièrement’, ou encore leur permettre de ‘comparer les prix, services et garanties entre opticiens’. »

Autre élément intéressant regardé de près par Gallileo : la connaissance et les pratiques des Français concernant le 100 % Santé en particulier et le reste-à-charge en général. Parmi les consommateurs interrogés, une grande majorité (90 %) connait le dispositif ; 69 % très bien ou partiellement, 21 % faiblement. Ce qui signifie, tient à souligner le porte-voix du ROF, qu’« il n’y a pas de déficit d’information sur ce sujet, les opticiens jouent pleinement le jeu du 100 % Santé comme nous l’avons toujours affirmé ». Précisons que lors de leur dernier achat de lunettes de vue, près de 20 % des porteurs ont opté pour une offre incluant le 100 % Santé en tout ou partie. (Un chiffre qui vient confirmer les résultats d’une précédente étude, menée en début d’année celle-ci, par le cabinet Xerfi Specific.). S’agissant du reste-à-charge, que nous apprend Gallileo ? « 73 % expliquent le reste-à-charge par le fait qu’ils ont choisi une monture particulière à leur goût, répondant à leurs attentes, et 59 % par le fait qu’ils ont choisi des verres bénéficiant de traitements supplémentaires », décode Maher Kassab. Et le sondeur d’insister : « Ce sont des choix consentis sur la base de critères raisonnés et maîtrisés ». Cette rationalité et même cette responsabilité dans le comportement d’achat se traduisent aussi, d’ailleurs, dans le fait que la quasi moitié des participants de l’étude assurent qu’ils ne tiennent pas à utiliser tout le montant que rembourse leur complémentaire santé, « et qu’ils n’ajoutent donc pas d’options superflues », souligne le président de Gallileo dans son décryptage.

* Questionnaire en ligne administré du 4 au 18 septembre 2025 auprès d'un échantillon représentatif de la population française ; 3 001 consommateurs interrogés.
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