Vice-président d’Acuitis, Marcel Cézar nous a accordé un entretien pour faire le point sur l’activité 2023 de l’enseigne aux deux métiers, l'optique et l'audition. Et surtout pour évoquer les perspectives de développement du réseau qui, du fait d'être monomarque, occupe une place à part dans le paysage.

Cela fait quatorze ans cette année que l’enseigne Acuitis, fondée en 2010, a fait son apparition dans le paysage. Et on la voit bien, du fait de sa double activité, optique et audition, mais aussi et surtout en raison de son approche monomarque. Le réseau compte actuellement 144 magasins. Ou « maisons », comme on aime à le dire en interne. Ce parc de boutiques se situe à 70 % en France. En 2023, le réseau a généré 113 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont près de 28 % sur le segment de l’audition. Sur l’année écoulée, l’activité de chaque « maison » frôle le million d’euros de chiffre d’affaires moyen : « 983 000 euros très exactement par point de vente, dont 683 000 pour le volet optique et 300 000 pour l’audio », précise notre interlocuteur Marcel Cézar (photo). Et l’intéressé de jeter une vue d’ensemble sur le dernier exercice : « L’année 2023 a été faste en optique mais frugale en audio, avec respectivement 18 % de croissance pour l’un et – 4 % pour l’autre », résume-t-il, constatant, dans le cas de l’audition, un évident ralentissement de l’effet booster du 100 % Santé. « Au départ il y a eu un fort effet d’aubaine, appelons-ça comme ça, pour les consommateurs, notamment en 2021, année de mise en place de ce dispositif. On peut raisonnablement penser que le marché renouera avec la croissance en 2025, puisque la fréquence de renouvellement sur le segment audio tourne autour de quatre ans », prévoit-il.

Pour en revenir à la croissance externe du réseau, la direction table pour 2024 sur l’implantation de 15 nouvelles boutiques en France et d’une dizaine à l’étranger. « Idéalement », précise bien Marcel Cézar : « Entre la situation internationale instable, l’inflation qui renchérit les coûts de construction, les taux de crédit qui sont haut et la frilosité des banques, certains n’osent pas se lancer, ou hésitent. Personnellement, je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut au contraire être vaillant par temps difficiles, et investir. Qui dit contexte tendu, dit opportunités à saisir », philosophe-t-il en homme d’expérience. Idéalement toujours, la tête d’enseigne estime réaliste de doubler la taille du réseau dans un horizon assez proche, ou tout au moins d’atteindre les 250 unités. Le cap des 1 000 magasins évoqués dès 2010, au moment du lancement par Daniel Abittan, co-fondateur de l’enseigne avec son fils Jonathan, n’est-il donc plus d’actualité ? « Si on compte notre développement à l’étranger et d’éventuelles futures acquisitions, il n’est pas impossible qu’on y arrive un jour », glisse dans un rire Marcel Cézar, qui ajoute, en homme qui aime visiblement les défis : « N’allez pas croire que ce soit un objectif si fou que ça… » Pour en revenir à la situation immédiate, « il y a encore des trous dans la raquette ici et là et notre maillage géographique peut encore se densifier », déclare Marcel Cézar qui cite notamment des villes-cibles comme Aix-en-Provence, Grenoble ou encore Besançon, entre autres. Ce maillage est assez homogène puisque 45 % des points de vente se trouvent en centre-ville, 45 % en centres commerciaux et 10 % dans les retail park notamment.  Avec six collaborateurs par boutique en moyenne, Acuitis connaît comme tous ses concurrents des difficultés de recrutement, surtout dans l’audition. « C’est compliqué », euphémise Marcel Cézar, qui constate une évolution des mentalités et des attentes de toute une génération qui arrive sur le marché du travail. « Que ce soit en optique ou en audition, la profession a traversé et traverse encore une forme de désamour. Il nous faut ainsi fournir de gros efforts pour fidéliser nos équipes en place et séduire de nouveaux profils », assure-t-il. Organisation du temps de travail, possibilités de formation, perspectives d’évolution de carrière, Acuitis s’emploie à être un employeur désirable et à l’écoute : « Nous observons chez nous un turnover moindre qu’ailleurs », croit savoir Marcel Cézar. « Nous faisons tout pour simplifier la vie de nos équipes, et d’abord les contraintes administratives qui pèsent sur le métier ».

Quand on interroge enfin le vice-président d’Acuitis sur le profil-type de la clientèle de l’enseigne, un mot lui vient immédiatement aux lèvres : « Éduquée. » Il développe : « Celles et ceux qui poussent la porte de nos magasins sont éduqués au sens où ils comprennent ce que nous faisons et la philosophie globale que nous cultivons. Ils apprécient notre conception de la qualité, aussi bien dans nos produits que dans nos prestations. C’est dans ce sens-là que j’entends ce mot ». Au moment de conclure notre entretien, Marcel Cézar tient à mettre en avant un dernier point : « Quand on évoque Acuitis, on pense aussitôt à une enseigne à nulle autre pareille, du fait de son double positionnement natif, optique et audio, et de notre approche monomarque. Mais il n’y a pas que cet aspect retail. Il y aussi tout ce sur quoi nous sommes pionniers et très impliqués », souligne-t-il. Et d’énumérer, pêle-mêle, la politique RSE maison, l'atelier en propre de création de lunettes (sous la direction de Frédéric Beausoleil) ou des innovations (les lunettes recourant à l’impression 3D – jusqu’à 15 % des ventes dans certaines boutiques –, les branches interchangeables en bambou ou magnésium…). « Bref, autant de facettes qui font la richesse de l’enseigne ». Façon de dire qu’Acuitis se veut bien plus qu’une enseigne, c’est tout un écosystème.

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