"Interdire les réseaux de soins serait une erreur majeure"
À l'occasion, ce matin, de la présentation d'une étude sur les réseaux de soins réalisée par le cabinet Asterès, nous avons échangé avec son directeur et fondateur, Nicolas Bouzou.
Fondé en 2013 par le Collectif Interassociatif sur la santé (CISS), le magazine 60 Millions de consommateurs et Santéclair, l’Observatoire citoyen des restes-à-charge livre les résultats d’une étude menée par le Cabinet Asterès sur les réseaux de soins, étude sur laquelle nous reviendrons en détails dans une prochaine news. Cette conférence de presse a surtout été l'occasion de dialoguer avec Nicolas Bouzou, l'économiste à la tête de ce cabinet. En un sens, M. Bouzou est aussi convaincu par la nécessité des réseaux de soins que son confrère Frédéric Bizard y est, lui, fermement opposé. L'un défend leur maintien quand l'autre, au contraire, appelle à leur suppression. "Les réseaux de soins ont une fonction nécessaire de régulation, a fait d'emblée valoir Nicolas Bouzou citant en particulier le cas de l'optique. Et d'insister sur le terme "régulation", à ne pas confondre avec une logique qui relèverait, elle, du "rationnement" : "Du point de vue de l'intérêt général, notion que l'on oublie trop souvent, les réseaux de soins contiennent relativement une hausse des dépenses de santé qui, sans leur rôle régulateur, exploseraient". Le fondateur et directeur d'Asterès considère ainsi qu'avant la mise en place des réseaux de soins la concurrence était défaillante : "De façon générale, assure-t-il, le déploiement des réseaux de soins a impacté les prix du marché sans amoindrir la qualité". Prenant toujours l'exemple du secteur de l'optique, il fait observer que "ce marché ne s'est jamais spontanément auto-régulé. D'un point de vue concurrentiel, l'abondance de l'offre et la multiplicité des acteurs n'ont jamais vraiment permis aux clients/patients de s'y retrouver financièrement".
Questionné sur le renoncement aux soins, l'un des arguments mis en avant par bien des réseaux pour justifier leur existence, il admet ne pas être en mesure d'évaluer l'impact réel des réseaux : "C'est une notion d'autant plus difficile à cerner en optique que la dimension financière n'est pas la seule à prendre en compte. La question des délais d'attente à rallonge pour consulter un ophtalmo joue également dans la persistance, année après année, de ce taux de renoncement aux soins". Nicolas Bouzou, qui a visiblement l'oreille de certains présidentiables, entend défendre le modèle des réseaux de soins comme "un outil pertinent, parmi d'autres, de régulation du système de santé". "Vouloir interdire les réseaux serait une erreur majeure", soutient-il, prenant le contrepied de ceux, confrères comme Frédéric Bizard ou décideurs politiques, notamment à droite, qui appellent à leur suppression. "Je ne nie pas qu'il y ait un certain nombre d'équilibres à trouver entre réseaux et professionnels de santé mais l'efficacité des réseaux est de nature à pérenniser l'accès à une prise en charge de qualité pour les assurés/clients".
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