Ancien pilier d’Essilor, dont il incarnait la mémoire et l’esprit, Bertrand Roy est décédé ce week-end. Il avait 67 ans. Homme de tempérament et d’engagement, cette figure incontournable de la filière œuvrait sans relâche pour la cause du bien-voir.

Les « Essiloriens » en tête et tous ceux qui l’ont connu, côtoyé, croisé sont en deuil : Bertrand Roy (photo) est mort ce week-end à l’âge de 67 ans. Il aura été l’une des figures majeures du développement d’Essilor en France et à l’étranger, une entreprise qu’il a intégrée en 1987 après une première vie professionnelle, dix ans durant, chez Renault. Après plusieurs décennies au sein du verrier* et partie prenante de tous les tournants marquants du groupe, il a pris sa retraite en 2015. Mais il restait actif et animé de projets divers et variés. Secondé par Jean-Félix Biosse Duplan et épaulé par Catherine Jégat, il continuait avec une envie et une énergie intactes à faire vivre l’Asnav, dont il assurait la présidence depuis 2003. Notre dernière rencontre avec lui remonte à février, à l’occasion d’un déjeuner de presse dans les locaux de La Maison de l’Optique. Toujours aussi intarissable sur les problématiques de santé visuelle et toujours aussi mobilisé, il attendait des pouvoirs publics qu’ils prennent enfin à bras-le-corps les questions de prévention. « Un pays comme la France se doit d’avoir une politique de prévention durable dans le domaine de la santé visuelle », martelait-il encore et encore, jugeant même « scandaleux » que dans notre pays un million de jeunes âgés de 16 à 24 ans n’aient jamais consulté un ophtalmologiste...

Ardent militant de la notion d’opticien de santé, seule capable selon lui de conférer à l’opticien sa pleine autonomie au sein de la filière à l’avenir, Bertrand Roy se réjouissait de voir l’Asnav grandir chaque année un peu plus à travers son travail de communication et de formation. « L’Asnav est un outil pour fédérer les énergies et les bonnes volontés d’où qu’elles viennent », nous avait-il dit un jour, rêvant à l’implication de toutes (les entreprises) et de tous (les opticiens) au sein de l’association. Sa fierté principale ces dernières années, c’était visiblement la sensibilisation grandissante des jeunes générations au thème du bien-voir : « Une santé visuelle préservée est capitale dans l’épanouissement professionnel et personnel d’un individu », nous avait-il déclaré lors d’une autre rencontre.

Dans la bouche de celles et ceux avec lesquels nous avons pu parler de Bertrand Roy depuis l’annonce de son décès, dans la nuit de samedi à dimanche, les mêmes mots reviennent souvent : « homme brillant », « visionnaire », « personnalité charismatique », « figure du secteur ayant une vraie stature », « grand bonhomme »… Tous ont tenu à souligner, par des anecdotes ou des souvenirs personnels, son côté humain, évoquant ici de vrais liens amicaux, là des relations de complicité et de confiance. Chef d’orchestre de la montée en puissance d’Essilor au tournant des années 2000, on l’a dit, il demeurait un fin connaisseur des rouages du marché, inlassablement intéressé par les innovations technologiques et, surtout, curieux de comprendre comment elles s’articulaient aux évolutions sociétales. Interlocuteur aussi exigeant qu’à l’écoute, Bertrand Roy cultivait la franchise, qu’il ponctuait souvent d’un rire tonitruant, notamment dans ses échanges avec les journalistes. Aux dires de ceux qui ont évoqué sa mémoire avec nous, sa fibre sociale lui faisait porter un regard plein d’empathie sur les êtres et les choses. Très chaleureux, ce passionné de rugby et de chevaux appréciait les moments de partage et les échanges d’idées, aimant débattre, argumenter, discuter. Beaucoup, dans ces heures tragiques, veulent donc retenir l’image d’un homme de projets en constante recherche d’interactions. Sa convivialité, qui était son humeur habituelle, pour ne pas dire sa philosophie de vie, restera dans bien des mémoires. L’ensemble de la rédaction de Fréquence Optic s’associe à la peine de sa famille, de ses amis et de tous ses proches.

* Dates-clés :

Naissance en 1955
1973-1976 : il fait l’Essec
1977-1987 : il travaille à la direction financière de Renault
1987 : il entre chez Essilor en charge du contrôle de gestion
1999 : il succède à François Louvet à la présidence d’Essilor France
2003 : il est élu à la tête de l’Asnav
2007 : il prend le poste de directeur marketing stratégique International et préside la zone Europe
2010 : il devient directeur exécutif des partenariats stratégiques d’Essilor
Il prend sa retraite en 2015 mais reste actif à la tête de l’Asnav

 

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