Le GIFO, le syndicat des industriels de l’optique qui regroupe lunetiers, verriers, équipementiers et labos de contacto, s’alarme de voir grimper la facture sur tous les postes de la chaîne de valeur. Des tensions qui devraient durer, selon les projections, au moins jusqu’en 2023.

Exceptionnelle, inédite, du jamais-vu…  la situation économique internationale se tend chaque jour un peu plus, sous les effets conjugués, évidemment, de la persistante crise sanitaire mondiale et de la guerre en Ukraine. Aucun secteur n’échappe aux secousses et aux inquiétudes ; l’optique aussi est bien sûr concerné. En témoigne aujourd’hui la prise de parole, très attendue, du Groupement des Industriels et Fabricants de l’Optique (GIFO) qui alerte sur la hausse de l’ensemble des « coûts de production (énergie, matières premières, logistique…), couplée à des tensions d’approvisionnement sur certains matériaux et composants indispensables à la fabrication des produits ».

D’une enquête que l’organisation professionnelle a menée auprès de ses 130 adhérents entre avril et juin, il ressort que « 100 % des industriels de l’optique déclarent avoir constaté une hausse de leurs coûts de production depuis 2019, et 71 % d’entre eux indiquent être confrontés à des difficultés d’approvisionnement de certains composants ou substances », indique le GIFO. Pour bien prendre la mesure de la situation, l’instance syndicale détaille par exemple ce qu’il en est de l’évolution tarifaire des matières premières : « Entre 2019 et 2022, le prix des matières premières importées pour la fabrication des montures a augmenté entre 12,5 % et 18,7 % en moyenne (12,5 % pour l’acétate, 18,3 % pour le plastique, 18,7 % pour les métaux précieux et 14,7 % pour les autres métaux en moyenne). Pour 2023, de nouvelles hausses comprises en moyenne entre 8 % et 10 % sont attendues sur ces matériaux. Pour les verres, consommables de production et matières premières ont également connu une hausse entre 8 % et 20 % (azote) en moyenne, tandis qu’une nouvelle hausse, notamment sur les palets, est anticipée en 2023. »

Le poste où la facture grimpe le plus spectaculairement est sans nul doute celui de l’énergie. Confirmant des propos et des chiffres entendus au dernier Forum Européen de la Vision, le GIFO ne peut que constater qu’entre la hausse du prix de l’électricité et celle du gaz, l’addition est désormais salée. « Pour l’électricité, les industriels sont confrontés à des hausses de 58 % en moyenne entre 2019 et 2022, recouvrant des situations très disparates (de 0 % à 320 % selon la date d’échéance du contrat) et une nouvelle hausse de 68 % en moyenne entre 2022 et 2023, avec là encore des situations très différentes (de 10 % à 240 %) en fonction de la date de renégociation du contrat », détaille ainsi le GIFO. Même chose pour le gaz : après une flambée de 52 % en moyenne entre 2019 et 2020, les industriels anticipent une nouvelle hausse de 21 % en moyenne entre 2022 et 2023.

Les coûts de transport, quel qu'il soit (air, terre, mer), se font eux aussi plus importants, pointe encore l’instance syndicale. Acheminement des matières premières (+ 20 % en moyenne sur les prix) ou livraison des produits aux opticiens (+6,6 % en moyenne) génèrent des charges financières grandissantes sur les fabricants qui s’inquiètent également de voir la logistique connaître de sérieuses perturbations. En cause ? L’encombrement des ports, le manque de transporteurs, l’immobilisation de containers…. « Entre l’inflation et les difficultés d’approvisionnement, la période est très délicate, mais les industriels sont mobilisés pour limiter les ruptures et hausses de prix. Économies des ressources (énergie, eau, matières premières, emballages…), anticipation par la constitution de stocks de marchandises, diversification des sources d’énergies, rationalisation du transport, robotisation, relocalisation de productions, etc., les industriels sont sur tous les fronts, mais ces leviers ont leurs limites face à l’ampleur de la situation actuelle », explique le GIFO. Reprise plus ou moins intensive du covid, résolution progressive du conflit russo-ukrainien, il faudra suivre l’évolution de la situation au second semestre pour voir si l’horizon reste couvert ou si, au contraire, il s’éclaircit… 

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