100 % Santé : notre interview de la directrice de la Sécurité sociale
Mathilde Lignot-Leloup, la directrice de la Sécurité sociale, nous a accordé un entretien sur le thème, évidemment, du 100 % Santé.
Comment expliquez-vous la difficile mise en route opérationnelle du 100 % Santé ?
Le fait est qu’il y a pu avoir des difficultés d’ordre technique, du côté des Ocam, lors de la mise en place. Ces problèmes au démarrage sont inhérents aux changements de nomenclature ou d’écosystème. Mais dès le départ, dès les premiers signalements effectués, nous avons suivi au plus près l’évolution de la situation. Et si les délais de prise en charge ont été, il est vrai, inhabituellement retardés, les choses se sont cependant rapidement améliorées tout au long du mois de janvier. À date, nous sommes proches d’un fonctionnement quasi normal.
Sur le mois de janvier, qu’a représenté l’offre 100 % Santé ?
D’après l’échantillon qui nous a été communiqué, à partir des éléments fournis par le ROF (Rassemblement des opticiens de France), l’offre 100 % Santé a représenté 18 % des ventes. Ce qui veut dire qu’elle est concrètement disponible, qu’elle existe et qu’elle fonctionne au sens où les gens la trouvent pertinente. C’est signe que la qualité des équipements est bel et bien au rendez-vous. En termes de chiffres, nous aurons un peu plus de recul courant mars, je pense, avec nos propres données objectivées.
Quel palier cette offre 100 % Santé devrait-elle idéalement atteindre selon vous ?
Aucun seuil minimal idéal n’est fixé. Disons plutôt que l’enjeu est surtout que le déploiement se fasse au mieux, aussi bien côté clients/patients que du côté des professionnels de santé qui portent le dispositif et le font exister. Mais nul doute qu’il va y avoir une montée en charge progressive au cours de l’année.
Qu’en est-il du déploiement du tiers-payant intégral sur le 100 % Santé en réseaux et hors réseaux ?
Auprès des complémentaires, le ministère a formalisé (sous la direction d’Agnès Buzyn_ndlr) une demande en ce sens, pour que le tiers-payant, de l’ordre de 80 % en optique, devienne systématique. Leur plan d’actions est attendu d’ici à la fin du premier trimestre. Une fois leurs travaux remis, il sera temps de séquencer les différentes étapes de cette progression du tiers-payant, pour une application généralisée. Sans entrer dans les détails techniques, on peut dire qu’il existe dans d’autres domaines de la santé des normes que l’on pourrait traduire en optique pour faciliter cette systématisation.
Et pour la lisibilité des contrats du point de vue de l’assuré, qu’est-il prévu ?
C’est en cours. Les complémentaires se sont engagées l’année dernière à adopter différentes modalités facilitant les comparaisons des garanties des contrats d’un acteur à un autre, et notamment à travers des simulateurs en ligne. Une réunion de suivi sur ce sujet aura lieu prochainement, en mars ou en avril.
Lunetiers et verriers doivent faire référencer auprès du ministère leurs produits en classe A ou B. Avez-vous des chiffres à nous communiquer ?
À fin décembre, s’agissant des verriers, nous sommes à 560 modèles de verres enregistrés. Concernant les lunetiers, 1000 lignes de produits ont été déclarées.
Que doivent faire les opticiens qui font fabriquer leurs propres montures et qui veulent les voir référencer ?
La règle à suivre est la même que pour les lunetiers : eux aussi doivent procéder à une déclaration des produits afin d’obtenir un code individuel. Les uns et les autres ont jusqu’au 1er juillet 2020 pour se déclarer auprès du ministère. Nous devons prochainement nous entretenir de ces questions avec le GIFO (Groupement des industriels et fabricants de l'optique) et faire un point d’étape.
Les opticiens doivent-ils s’attendre prochainement à des contrôles en magasins pour une vérification de la conformité de la mise en place de l’offre 100 % Santé ?
Ce sujet, parmi d’autres, a été abordé lors de la réunion du comité de suivi de la réforme le 4 février. Au cours de l’année, la DGCCRF s’assurera en effet que l’application de l’ensemble des règles, modalités et conditions du dispositif – application du devis normalisé, nature de l’assortiment de montures, etc. – est bien conforme.
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