L’Association des Optométristes de France (AOF) fait entendre sa ferme opposition à l’utilisation du nouveau statut d’assistant médical en ophtalmologie (AMO) pour l’embauche d’opticiens ou d’optométristes en cabinets d’ophtalmologie.

C’est un fait que de plus en plus d’opticiens, pour diverses raisons (attirance pour la seule dimension santé du métier, lassitude du travail en magasin…), intègrent des cabinets d’ophtalmologie. Soit ils y travaillent en qualité d’opticiens proprement dit, soit au titre d’assistants médicaux en ophtalmologie (AMO), un statut relativement récent car mis en place il y a quelques années seulement. D’après une enquête réalisée l’année dernière par le Syndicat national des ophtalmos il y aurait ainsi quelque 270 opticiens - sans compter ceux sous statut AMO, non encore dénombrés à ce stade - salariés d’un cabinet. En 2021, ils représentaient 14,5 % des collaborateurs des médecins, une proportion en constante augmentation ces deux dernières années (13 % en 2020 et, avant cela, 10 % en 2019).

Dans ce contexte qui voit les opticiens s’orienter vers un travail collaboratif en cabinets, l’Association des Optométristes de France (AOF) a décidé de prendre position. Et vigoureusement. L’organisation professionnelle « s’oppose fermement » à l’utilisation du nouveau statut d’AMO pour l’embauche d’opticiens ou d’optométristes en cabinets d’ophtalmologie. Président de l’AOF, Yannick Dyant fait valoir ses arguments : « Le syndicat national des ophtalmologistes (SNOF) met en avant cette solution auprès de ses adhérents pour règlementer les pratiques ‘hors cadre’ des secrétaires, et autres petites mains, mais aussi des opticiens. Si l’AOF comprend bien que les aides financières accordées par l’Assurance Maladie* dans le cadre de l’embauche d’un AMO sont intéressantes pour les ophtalmologistes, cette proposition fait injure aux compétences de professionnel de santé de l’opticien. Une formation de niveau Bac n’a pas vocation à réglementer les compétences de titulaire d’un Diplôme d’État de professionnel de santé de niveau BTS (Bac +2). D’autant plus que la quasi-totalité des recrutements en cabinet se font au niveau Licence (Bac+3) ou Master (Bac +5) ». Puisque cette forme d'embauche ne convient pas à l’AOF, l’organisation professionnelle en appelle plutôt à une évolution du cadre légal actuel afin que les textes juridiques encadrant la profession des opticiens collent davantage à la réalité du travail en cabinet. Telles sont donc les deux revendications que l’AOF tient ensemble : d’un côté, refus de la requalification, par les opticiens et/ou optométristes, de leur poste vers le statut d’assistant médical et, de l’autre côté, appel à réviser le décret de compétences de l’opticien pour l’exercice en milieu médical.

Sollicité ce matin par notre rédaction, le syndicat des ophtalmologistes a réagi pour temporiser, son président le Dr Thierry Bour estimant que « c’est une polémique qui n’a franchement pas lieu d’être ». Selon lui, le statut d’AMO a d’incontestables atouts, et d’abord celui « de donner une protection juridique » au collaborateur, opticien ou autre, travaillant sous la supervision d'un médecin. « Il faut bien comprendre que ce statut est suffisamment souple pour permettre l’intégration en milieu médical de profils venant d’horizons divers ». À l’AOF qui considère que le statut d’AMO tire la profession d’opticien vers le bas, le Dr Bour répond que « c’est faux. Il s’agit d’un dispositif de certification qualifiant qui vient compléter une formation initiale, quelle qu'elle soit, et offre ainsi un socle commun aux uns et aux autres - opticiens, infirmiers…- pour évoluer au mieux dans l’environnement médical. »

* NDLR : Les ophtalmologistes qui recrutent un AMO peuvent bénéficier d’une aide financière versée par l’Assurance Maladie, à la condition que la formation du collaborateur soit initiée au plus tard deux ans après le début de l’embauche.

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